Rassemblés autour de la table
J’aime quand, à la messe, il ne se passe rien. Pas de blabla et rien d’inattendu. Rien d’autre que l’essentiel : l’écoute silencieuse de la Parole et la célébration du mystère pascal. Le reste est accessoire.
« Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »
Rassemblés autour de la table
J’aime quand, à la messe, il ne se passe rien. Pas de blabla et rien d’inattendu. Rien d’autre que l’essentiel : l’écoute silencieuse de la Parole et la célébration du mystère pascal. Le reste est accessoire.
Un cœur qui aime
Ô Marie, douce Mère, donne-moi un cœur candide et ouvert comme le cœur d’un enfant, un cœur limpide comme l’eau d’une source claire. Donne-moi un cœur plein de noblesse, qui ne rumine pas les contrariétés et ne passe pas son temps à les soupeser ; un cœur que rien ne refroidisse et qui se donne joyeusement ; un cœur qui sache ce qu’est la faiblesse et puisse y compatir en vérité ; un cœur profond et reconnaissant qui ne néglige pas les petites choses. Donne-moi un cœur doux et humble qui aime sans rien attendre en retour ; qui sache s’effacer joyeusement dans un autre cœur pour laisser ton Fils prendre toute la place ; un cœur noble et dynamique qui ne se laisse pas abattre par les déceptions… Oui, donne-moi un cœur qui aime tant qu’il ait pour seul motif de ses actions la plus grande gloire de Jésus.
Née Édith Stein (1891-1942) dans une famille juive, Thérèse Bénédicte de la Croix devenue carmélite et morte à Auschwitz.
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Donne-moi, Seigneur,
De comprendre ce que j'étudie,
De bien faire ce que je fais,
De finir ce que je commence,
De réussir ce que j'entreprends.
Donne-moi, Seigneur,
Des travaux productifs,
Des loisirs qui détendent,
Des activités utiles,
Des moments pour te parler.
Donne-moi, Seigneur,
De faire espérer qui doute,
De faire rire qui s'attriste,
De réjouir qui s'ennuie,
De faire parler qui s'enferme.
André Delapierre internaute
prier.be
Harmonie entre charité et vie intellectuelle
Une célèbre prière de saint Thomas d’Aquin s’intitule « Prière avant l’étude » ; elle s’adresse à Dieu, source de la lumière et de la sagesse. Toute étude, toute recherche du vrai, et même tout travail fait en vue du bien commun, est un moyen de se rapprocher de Dieu. Il n’y a pas d’un côté le travail, de l’autre la vie chrétienne. Le travail s’imbrique dans la vie chrétienne. Saint Thomas a été un exemple éminent de cette harmonie entre charité et vie intellectuelle, de sorte qu’il est devenu le saint patron des étudiants.
Fr Guislain-Marie Grange, dominicain, philosophe et théologien.
Une présence qui demeure
Aujourd’hui, avec une histoire, Il nous dit « je suis le bon pasteur ». Par un geste simple, par un récit du quotidien, Jésus révèle la vérité de son être. « La vérité n’est pas une idée mais une présence ». Je me laisse rejoindre par cette présence simple de Jésus qui veut se révéler à moi au cœur de ce qui fait mon quotidien. Je l’accueille.
Chacun, chacune compte pour lui. Son désir est qu’aucun ne se perde. Le Seigneur se fait du souci pour ma vie. Je médite sur ce mystère d’amour et je réfléchis en moi-même sur la manière dont je prends soin de la vie : la mienne, celle des autres…
Les autres ? Ce berger regarde plus loin : il y a d’autres brebis qui ne sont pas de cet enclos. D’elles aussi il a souci. Chemin faisant, il saura les appeler, les inviter à le rejoindre. J’imagine la scène, ce que cela provoque en chacun – berger et brebis.
« Tous mes chemins te sont familiers » dit le psalmiste (Ps 138). Cette connaissance familière nous parle de proximité, d’attention, de durée. Une présence qui demeure. Je peux faire mémoire de ces présences qui ont accompagné mon chemin dans ses moments de joie et de peine.Comment m’ont-elles parlé de la présence du Seigneur qui nous dit : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ».
prier en chemin, AELF
Rester avec soi-même est plus que jamais une tâche spirituelle centrale.
Pour retrouver cette expérience, nous pouvons par moments rester consciemment chez nous et nous tenir tout simplement dans notre chambre, sans nous laisser distraire. « Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre », disait Blaise Pascal. Nous pourrions parler aujourd’hui du danger d’une acédie numérique. Notre esprit glisse sur nos écrans d’une information à une autre. Nous ne sommes plus présents à nous-même. Le simple fait de se supporter soi-même, de rester avec soi-même, de se retrouver en son centre et de s’ouvrir ainsi à Dieu, est plus que jamais une tâche spirituelle centrale.
Daniel Hell, un psychiatre suisse spécialiste des dépressions, estime que l’une des nombreuses raisons de l’augmentation des cas de dépression est l’absence de racines. L’homme actuel est constamment en déplacement. La mobilité toujours plus grande l’empêche de s’enraciner. Nous pouvons nous créer des racines dans un lieu ou en célébrant des rituels que nos ancêtres ont pratiqués. Lorsque nous prenons conscience, par exemple en récitant le Notre Père, que nos parents et nos grands-parents ont prié ces mots et ont ordonné leur vie autour d’eux, ceux-ci acquièrent une signification plus profonde, car ces paroles anciennes sont enrichies par l’expérience de foi de nos ancêtres. Nous participons alors à leur force de foi et à leur force de vie.
Ces deux pôles font partie de notre vie spirituelle. Pencher trop vers l’un des deux peut mettre notre vie spirituelle en danger. Être constamment en mouvement peut devenir une fuite de nous-même, mais trop de stabilité peut aussi nous enfermer dans un confort paresseux. Notre vie a besoin de changement, sinon nous nous figeons, et de stabilité, sinon nous nous dispersons. Même lorsque nous nous enracinons, nous nous transformons. Comme un arbre qui a de bonnes racines continue à grandir, nous continuons à grandir vers le Christ. Ainsi notre vie chrétienne doit maintenir cette tension pour rester en chemin vers le Christ et nous laisser transformer par l’Esprit en la forme unique que Dieu a prévue pour chacun de nous.
Anselm Grün, théologien bénédictin
prier, juillet 2023
La foi s'engage à avancer là où on ne sait pas aller
Les pas de Dieu dans le cœur de l’homme
… Et reprendre la route, celle de la Parole de Dieu qui cheminait à travers des siècles d’humanité jusqu’à leurs âmes [celles des pèlerins d’Emmaus], les cœurs soudain embrasés par cette vive flamme. Ils croyaient s’éloigner après avoir tout perdu, et c’est Dieu qui s’approchait d’eux, se préparant à leur rendre toute joie par son Verbe. Mais il se fait tard. Une table. Du pain. Un vif éclat de lumière, pour leur révéler le brasier qui en eux grondait tout le jour.
Alors, portés par ce feu, la route de nuit est vite avalée : ils la connaissent désormais ! C’est celle des pas de Dieu dans le cœur de l’homme : à chaque battement il frappe à la porte, il se dit à nous, avec les mots que tant de générations ont entendus, parole de Dieu dans les mots des hommes. Écoute la route qui t’appelle ! Fais tienne aujourd’hui la prière des routiers scouts, qui commence ainsi : « Seigneur Jésus, qui vous offrez à nous comme la Route vivante tout irradiée par la lumière d’en haut, daignez vous joindre à nous sur le chemin de la Vie, comme vous le fîtes jadis pour les Routiers d’Emmaüs... »
Extrait de Marche dans la Bible (2017)
Le présent véritable transcende l’instant
Le passé a été et l’avenir n’est pas encore. Seul le présent existe, mais quel est-il ? Le présent, en tant que succession d’instants toujours divisibles, n’est jamais présent, il se dérobe toujours. C’est pourquoi le présent véritable transcende l’instant, il l’englobe dans une réalité supérieure. Quand je suis avec quelqu’un, cette présence qui nous fait oublier le temps forme un tout – presque un tiers entre nous. Elle se trouve, sous sa forme la plus parfaite, dans le cœur-à-cœur avec Dieu, la « porte de notre chambre » refermée. D’où l’importance, si cela nous est possible, de ne pas mettre à la dernière place ces temps de prière silencieuse, comme nous en avons tous la tentation.
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Ne pas se couper de la Source est vital. Il faut réagir par de petits actes : prières brèves dans n’importe quelle circonstance, lecture méditée de l’Évangile du jour dans mon lit avant de m’endormir, temps de recueillement dans une église au cours d’une de mes pérégrinations dans Paris. Quand un besoin plus fort se fait sentir, je m’inscris à une retraite ignacienne pour y voir plus clair et, le cas échéant, prendre des décisions.
Jean-Marc Bastière, journaliste
prier, septembre 2023
Le pressentiment qu’une autre vérité existe derrière tout le tissu du monde
Dans ma manière de travailler au quotidien, j’ai le choix entre deux attitudes : soit je mets en avant mon ambition, j’agis sous la pression qui naît de mon désir d’impressionner, et c’est alors mon ego qui occupe le devant de la scène ; soit par mon humilité, ma bienveillance, mon honnêteté et mon application, je laisse transparaître la lumière divine. Agir selon la vérité implique de laisser la lumière de Dieu éclairer tout ce qui est en moi, y compris ma part d’ombre. Je vis alors empli de la confiance que Dieu regarde tout en moi et m’accepte avec tout ce qui est en moi. Mes actes révèlent qui je suis vraiment. Ne faire que tourner autour de mon ego m’agite inutilement, laisse libre cours à mon agressivité ou à mon insatisfaction. Si je m’ouvre à la foi, j’entre dans une autre réalité et cette réalité devient manifeste. L’amour imprègne mes actes, mes pensées, mes paroles. Le voile qui recouvre la réalité de Dieu est soulevé.
Nous, chrétiens, portons donc la grande responsabilité de faire briller le visage de Dieu afin que les hommes le reconnaissent et puissent l’admirer et se laisser regarder par Lui. C’est une tâche essentielle dans un monde sécularisé. Il ne s’agit pas de persuader les gens de croire, de leur faire des sermons, mais de faire en sorte qu’ils puissent faire l’expérience de Dieu à travers nos actes, nos pensées et nos paroles. Un pressentiment s’éveille alors chez eux. Ils pressentent qu’une autre vérité existe derrière tout le tissu du monde, une vérité qui nous anime et nous porte : la vérité de Dieu amour.
Anselm Grün, prêtre bénédictin
prier, avril 2024
Rendez grâce au Seigneur : Il est bon !
Éternel est son amour !
Oui, que le dise Israël :
Éternel est son amour !
Le bras du Seigneur se lève,
le bras du Seigneur est fort !
Non, je ne mourrai pas, je vivrai
pour annoncer les actions du Seigneur.
La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d’angle :
c’est là l’œuvre du Seigneur,
la merveille devant nos yeux.
Psaume 117 (extrait)
„Chemin de croix“par François-Xavier de Boissoudy |
« Il s’est abandonné
à celui qui le jugeait injustement. »
Que pouvait-il faire d’autre,
face au pouvoir, face aux jurés, face aux juges ?
Innocent ou coupable
que pouvait-il faire d’autre ?
Tombe la sentence.
« Non ! » crie l’innocent.
« Non ! » crie le coupable, pareillement.
Certains, parfois, ne disent rien,
comme l’agneau qu’on mène à l’abattoir,
comme Jésus qu’on vient de condamner,
comme le juif qu’on pousse vers la chambre à gaz,
comme Maximilien Kolbe au seuil du bunker.
Ils ne disent rien…
comme la femme adultère
que les anciens vont lapider.
Tombe la sentence
et l’innocent ne dit rien.
Je veux joindre au sien mon silence,
minuscule goutte d’eau dans la coupe d’alliance.
Pourquoi nous a-t-il abandonnés ?
carêmedanslaville.org
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Si quelque chose te paraît difficile, souviens-toi que nous ne sommes pas appelés à réussir, mais à être fidèles.
Sainte Teresa de Calcutta
Nous en sommes capables… Le sommes-nous réellement ?
Soeur Marie-Alice, dominicaine
carêmedanslaville.org
La tristesse ne sert à rien
En visitant les détenus dans différentes prisons de France, j’ai pu observer qu’il pouvait y avoir en eux une joie vraie, une paix retrouvée malgré les difficultés vécues en détention, ainsi qu’une profonde tristesse qui ne les abandonne pas même lorsqu’ils semblent gais et ne cessent de plaisanter. Chacune de nos actions, chacune de nos décisions, tout ce pour quoi nous vivons est porté par le désir d’être heureux, d’être dans la joie. Dieu et son royaume sont ancrés dans la joie.
Divertis-toi, réconforte ton cœur, et chasse loin de toi la tristesse ; car la tristesse en a perdu beaucoup, elle ne sert à rien. La vraie joie est un remède à la tristesse, pas seulement la tristesse qui se voit sur le visage, mais la tristesse du cœur et de l’existence.
Pendant ce temps de carême, je prie Dieu pour qu’il me donne la véritable joie qui pourra illuminer mon cœur et ma vie. Je pourrais le faire tout simplement en disant cette prière que le Christ nous laisse dans l’Évangile (Matthieu 6, 7-15). La prière du Notre Père.
Notre Père qui es aux cieux, que ton Nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour. Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. Et ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du Mal. Amen
Frère Albert Bazyk, dominicain
Carême dans la ville
Le silence et le désir de vivre de Lui
Frère Lionel Gentric,dominicain
carêmedanslaville.org
Il faut apprendre à dire je et à l’affirmer
Soeur Marie Monet, dominicaine
Carême dans la ville
Sans se cacher du mal commis et de son influence sur nous, regarder son prochain en face.
Réconcilier veut dire : le regarder en face, voir son visage.
Qui n'a pas ressenti une colère profonde contre son frère ? Qui n'a jamais laissé échapper un mot d'insulte ou un jugement hâtif contre son prochain ? Comment réagissons-nous au mal qui nous est fait ? Comment regardons-nous les torts qui nous sont reprochés ? Sommes-nous capables de distinguer les situations blessantes que d'autres nous ont fait subir et la colère ou la haine que nous avons choisies par la suite ? Devant la colère, légitime ou exacerbée, Jésus dit : « Va d'abord te réconcilier avec ton frère. » Réconcilier veut dire : le regarder en face, voir son visage. Ce n'est pas simple de pardonner, ce n'est pas simple de lâcher sa colère. Mais lorsque nous parvenons, avec la force et la grâce du Christ, à regarder le visage de celui qui nous a fait du mal, on voit deux choses : tout d'abord qu'il est un être comme nous. Il a commis un mal que nous aurions pu aussi commettre dans d'autres circonstances. Et nous voyons aussi qu'il est faible, que le mal qu'il a choisi le détruit. Sans fausse innocence, sans se cacher du mal commis et de son influence sur nous, je peux regarder mon prochain en face.
Sarah Cleary, consacrée de Regnum Christi
hozana.org
Je n‘ai rien à donner
« Vous voilà, mon Dieu. Vous me cherchiez ? Que me voulez-vous ? Je n’ai rien à vous donner. Depuis notre dernière rencontre, je n’ai rien mis de côté pour vous. Rien… pas une bonne action. J’étais trop lasse. Rien… Pas une bonne parole. J’étais trop triste. Rien que le dégoût de vivre, l’ennui, la stérilité.
– Donne !, me répondez-vous Seigneur (…) – La torpeur de l’âme, le remords de ma mollesse et la mollesse plus forte que le remords – Donne ! (…) – Le besoin d’être heureuse, la tendresse qui brise, la douleur d’être moi sans recours. – Donne !
– Des troubles, des épouvantes, des doutes…
– Donne ! – Seigneur ! Voilà que, comme un chiffonnier, vous allez ramassant des déchets, des immondices. Qu’en voulez-vous faire, Seigneur ? – Le Royaume des Cieux. »
Notes intimes, de Marie Noël (Stock, 1998)
… pour retrouver cette joie que Dieu dépose dans notre cœur.
kAlbert Bazyk, dominicain
carêmedanslaville.org
Homélie du IVe siècle , AELF.org