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«Tu nous as faits pour toi et notre cœur est sans repos jusqu’à tant qu’il repose en toi.»
Augustin cherche Dieu; là est le fondement de son désir. « Louera le Seigneur quiconque le cherche. Qui cherche, en effet, le trouvera et, trouvant, le louera » (Conf. I, 1). Ce désir de chercher et de louer Dieu est un dynamisme intérieur, une libre attraction que tout peut détourner. « C’était toi que je cherchais. Tu étais et au-dedans du plus profond et au-dessus du plus haut de mon être » (Conf. III, 11).
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La tension vers Dieu creuse le désir qui devient une soif d’amour infini, malgré les limites et les peurs. Sur ce chemin du retour à Dieu, « Aime et fais ce que tu veux », dit Augustin, même si chacun fait ce qu’il peut. Pour lui, l’amour est le guide qui nous aide à aller au-delà de nous-mêmes. Comment? En plongeant en nous-mêmes par la prière intérieure et le désir. « Il est dans l’âme une autre prière, intérieure celle-là, qui n’a pas de cesse, c’est le désir. Quoi que tu fasses, si tu désires le sabbat éternel, tu ne cesses de prier. Si tu ne veux pas cesser de prier, ne cesse pas non plus de désirer » (Homélies sur les psaumes). Il s’agit de revenir à soi, au plus intime du cœur, où Dieu demeure.
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Les Confessions sont avant tout une longue prière qui doit être lue dans un climat de prière pour en saisir toute la plénitude. Augustin tutoie Dieu audacieusement et son désir a des ailes. Son « je » assoiffé de bonheur s’adresse à un « Tu » qui va le combler d’amour : « Puissé-je, Seigneur, me ressouvenir dans l’action de grâces et confesser tes miséricordes sur moi » (Conf. VIII, 1). (...)
Augustin avait l’habitude de dire dans sa prière : « Dieu, que je me connaisse et que Tu me connaisses. » Il commence ainsi son célèbre examen de conscience que l’on retrouve au livre X des Confessions : « Te connaître, ô mon connaisseur! Connaître comme je suis connu » (X, 1). Dans la prière, connaissance de soi et connaissance de Dieu vont de pair. En cherchant et en priant Dieu au plus intime de soi, l’on se trouve et se découvre comme un être de désir créé à son image.
En écrivant ses Confessions, il répond à un besoin spirituel qui n’est pas étranger au conseil de Socrate : « Connais-toi toi-même! » Pour Augustin, cette connaissance passe par l’écoute de Dieu qui seul parle bien de lui-même et de l’humanité : « Pour toi, Seigneur, dont l’œil voit à nu l’abîme de l’humaine conscience, qu’y aurait-il de caché en moi, quand même je ne voudrais à ta gloire le confesser? » (Conf. X, 2).
Augustin montre que pour trouver Dieu il faut entrer en soi-même. Ainsi, nous demeurons en Dieu qui est plus grand que nous. Dieu nous invite à nous dépasser par le désir d’aimer et de prier. Ce Dieu est la Beauté en nous, et son mystère nous inonde de sa miséricorde.
"J’ai tardé à t’aimer, Beauté si ancienne et si neuve, j’ai tardé à t’aimer! Ah! voilà : tu étais dedans, moi dehors… Je t’ai goûté : j’ai faim et soif. Tu m’as touché : j’ai pris feu pour la paix que tu donnes. Une fois soudé à toi de tout mon être, il n’y aura plus pour moi douleur et labeur et ma vie sera, toute pleine de toi, la vie… Plein de toi, je ne le suis pas; aussi mon être me pèse… Ah! le pauvre être que je suis! Aie pitié de moi, Seigneur. Voici mes plaies que je ne cache point : tu es médecin, je suis malade; tu es miséricordieux, j’ai de la misère" (Conf. X, 27-28).
Jacques Gauthier, théologien canadien
Saint Augustin
jacquesgauthier.com
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