Réveillons l’ouvrier de la dernière heure en nous !
Frère Jacques-Benoît Rauscher, dominicain
prieredanslaville.org
« Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » Mt. 28, 20
Réveillons l’ouvrier de la dernière heure en nous !
Frère Jacques-Benoît Rauscher, dominicain
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" MARANATHA - Viens, Seigneur Jésus " By Ans Leitner, Eindhoven NL |
"Chaque geste de disponibilité, chaque acte gratuit, chaque pardon offert à l'avance, chaque effort accepté patiemment est une manière de préparer un lieu où Dieu peut habiter"
Cette préparation à l’accueil de la présence de Dieu peut impliquer de "renoncer à une prétention" ou de "cesser d'attendre que l'autre change, faire le premier pas". "Que le Seigneur nous accorde d'être d'humbles préparateurs de sa présence", a exhorté le Pape. Il invite à cultiver une "disponibilité quotidienne" qui puisse faire grandir une "confiance sereine", qui "permet d'affronter tout avec un cœur libre". "Là où l'amour a été préparé, la vie peut vraiment s'épanouir"
Léon XIV.
fr.aleteia.org - audience générale du 6 juin 2025
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La disponibilité intérieure accueille l’invisible et l’infini qui n’ont de cesse de quémander un peu de place dans la vie. Puisque Dieu ne s’impose pas, il nous faut nous imposer cette discipline de lui ouvrir la porte et lui offrir une place où demeurer. La disponibilité de service répond aux besoins qui surgissent. Combien de feux s’allumeront à l’improviste, dans notre année à venir ?
Léon XIV a voulu rappeler qu’il faut savoir couper avec le flot du temps qui nous propulse d’une activité à l’autre et s’arrêter pour se rendre disponible, autrement dit attentif à la vie autour de soi.
Une année nouvelle se profile si nous ne la saturons pas à l’avance, en laissant nos agendas et tous nos plannings être les complices des surprises de la vie et des clins d’œil divins de chaque jour.
Arnaud Alibert, prêtre assomptionniste, rédacteur en chef à La Croix
fr.aleteia.org, 21 août 2025
Analphabétisme religieux ou neutralité ?
Il convient de s’interroger sur ce que serait une culture scolaire amputée par principe de ses dimensions spirituelles. Que resterait-il de l’histoire de France sans l’évocation des liens complexes entre l’Église et la monarchie, des débats de la nature et de la grâce à l’aube de l’âge moderne, de la volonté de la Révolution d’instaurer un culte civique ? Que resterait-il de la littérature si les références religieuses présentes chez d’innombrables auteurs étaient passées sous silence ? De la philosophie, si tous les auteurs ayant parlé de Dieu devaient être exclus des programmes ? Pourrions-nous comprendre les œuvres d’art qui peuplent nos musées sans références bibliques ? Et plus fondamentalement, existe-t-il une culture qui ne procède peu ou prou d’une interrogation métaphysique sur le sens de l’existence humaine ?
Une âme jeune qui s’éveille à la pensée a besoin du trésor amassé par l’espèce humaine au cours des siècles. On fait tort à un enfant quand on l’élève dans un christianisme étroit qui l’empêche de jamais devenir capable de s’apercevoir qu’il y a des trésors d’or pur dans les civilisations non-chrétiennes. L’éducation laïque fait aux enfants un tort plus grand. Elle dissimule ces trésors et ceux du christianisme en plus.
Après avoir mis en garde contre la tentation étroitement partisane de certaines institutions catholiques, Simone Weil vilipende les excès d’un laïcisme militant lorsqu’il exclut les "trésors" de toutes les grandes traditions spirituelles. Le mal est donc ancien, et je ne comprends guère que certains "laïques" puissent aujourd’hui s’enorgueillir de cet "analphabétisme religieux" si répandu et qu’ils nomment à tort "neutralité".
Xavier Dufour, professeur de culture religieuse au collège-lycée Stanislas à Paris.
fr.aleteia.org
Ce monde tout en nuances de gris plutôt qu’en noir et blanc
Rien de plus reposant qu’un bon western : les bons et les méchants y sont bien distincts ; leur affrontement ne laissera pas de place au doute ou à la nuance. Cela repose, parce que notre vie n’est jamais si simple. Bien et mal y sont irrémédiablement mêlés. Partout, et dans l’Église même, la générosité voisine avec la mesquinerie, la perversité cohabite avec la sainteté. Nous regrettons souvent ce monde tout en nuances de gris plutôt qu’en noir et blanc : si Dieu existe, pourquoi ne supprime-t-il pas le mal dans le monde ?
Par chance, Dieu n’est pas hanté comme nous par ce rêve d’un monde chimiquement pur, où le bien pourrait régner sans mélange. Car il sait trop bien, lui, qu’aucune frontière ne peut distinguer les bons et les mauvais, parce que le bon grain et l’ivraie, le bien et le mal, grandissent ensemble jusque dans notre propre cœur. De quel côté serais-je, moi, s’il s’avisait de faire le tri ? Si Dieu exauçait ma prière et exterminait le mal dans le monde, j’aurais peut-être du souci à me faire.
Mais le projet de Dieu, ce n’est pas le tri et la sélection : c’est que les hommes aient la vie, et la vie en abondance (Jn 10, 10). En bon jardinier, il sait qu’abondance et désordre sont inséparables : l’herbicide qui, pour détruire les mauvaises herbes, rend stérile le potager est un remède pire que le mal. La crainte scrupuleuse d’agir mal peut nous conduire à ne rien faire du tout.
La Bible nous invite au contraire, presque à toutes les pages, à ne pas avoir peur. À faire confiance à ce jardinier si expert qu’il peut transformer patiemment mon ivraie en un splendide épi de blé.
Extrait de Signes dans la Bible (2014)
Fr Adrien Candiard, dominicain
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Être parfait, c’est être dans un manque radical qui nous délivre de la soif de posséder, de la dictature de l’avoir et du faire au détriment de l’être. Il fait de nous des mendiants pour accueillir le don de la vie éternelle. On ne fait pas son salut : « Pour les hommes, c’est impossible, mais pour Dieu tout est possible. » (Mt 19, 26)
Frère Jean-Didier Boudet, dominicain
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MAGNIFICAT Luc 1, 46-56
Mon âme exalte le Seigneur,
exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur !
Il s’est penché sur son humble servante ;
désormais, tous les âges me diront bienheureuse.
Le Puissant fit pour moi des merveilles ;
Saint est son nom !
Son amour s’étend d’âge en âge
sur ceux qui le craignent.
Déployant la force de son bras, il disperse les superbes.
Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles.
Il comble de biens les affamés,
renvoie les riches les mains vides.
Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour,
de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et de sa race, à jamais.
Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit,
pour les siècles des siècles.
Amen.
eglise.catholique.fr
Elle viendra, à son heure. Je l'attends.
La vie de foi est une vie en chemin. Un chemin de crête qui invite à une marche délicate, guidée par le seul murmure d'une brise légère (cf. 1Rois 19, 11-12). Aucun boulevard confortable, aucun cri sur une place publique n'est la marque de Dieu. L'esprit chrétien n'est pas l'esprit du monde. Son seul et unique commandement est l'amour.
À chaque pas, un baptisé qui veut marcher dans la Lumière, doit s'interroger, humblement. Se garder des réponses toutes faites. Croire en la singularité de chaque être, de chaque situation. Et prendre le temps de la considérer.
Pour marcher longtemps Ies chrétiens sont invités à se dépouiller, de leurs certitudes notamment. À se connaître. A d'abord connaître leurs faiblesses pour accepter celles des autres. À ne pas s'alourdir de la rancœur, de la haine, de la colère. À pardonner pour gagner en liberté. À ne pas juger pour éviter de l'être.
L'exigence est si grande que seule la grâce permet cette marche, à condition de la demander, de la désirer. Elle viendra, à son heure. Je l'attends.
Juliette Gaté
Maître de conférences en droit public, avocate au Barreau d'Aix-en-Provence
La Croix -Tribune du 4/8/2025
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Le maître du domaine vient chercher chacun, là où il en est, pour l’inviter à travailler pour lui, avec lui. En lui. Car c’est bien dès ici-bas que nous contribuons à construire le royaume de Cieux, par nos petits et grands actes d’amour, ceux dont la portée est éternelle. Il n’est jamais trop tard pour en poser. Sa miséricorde nous appelle.
Blanche Streb, Docteur en pharmacie et essayiste,
(Méditation inédite pour Magnificat.)
Incarné avec un corps et cinq sens
C’est peut-être l’occasion de revenir à la création de Dieu et au livre de la Genèse. N’est-ce pas Dieu qui a créé l’homme, son corps, ses cinq sens ? N’est-ce pas Dieu qui s’est incarné avec un corps et cinq sens ? Si notre corps et nos sens étaient mauvais, aurait-il agi ainsi ? C’est une vraie question que nous pouvons nous poser. Mais plutôt que de « philosopher » sur le sujet, permettez-moi de vous parler d’un monument qui se trouve au Portugal, appelé « l’escalier de Braga ». Par un escalier, le visiteur monte, découvrant cinq paliers avec à chaque fois une statue qui représente l’un des cinq sens. Par un autre escalier, il descend passant par les mêmes paliers. Pour moi, c’est une vraie parabole. Nos sens peuvent nous élever, mais ils peuvent aussi nous abaisser. Mais qui décide ? Chacun d’entre nous. Le corps, les sens ne sont pas mauvais en soi. C’est à nous de permettre qu’ils nous élèvent et d’empêcher qu’ils nous abaissent. Si nous en restons à la vue, le père Maurice Zundel écrit avec finesse que nous devenons ce que nous contemplons. Ainsi, contempler les belles œuvres d’art qui sont dans nos églises peut élever l’âme. Contempler ce qui est laid et malsain dans le monde nous abaisse. C’est donc à nous de décider de l’usage que nous faisons de nos sens. Lorsque cet usage sera pur alors, alors seulement s’ouvriront les yeux et les oreilles du cœur dont parlent nombre de mystiques.
PATRICE GOURRIER, prêtre et psychologue.
prier.fr
« Rentrez chez vous et aimez votre famille… »
Une réponse de Mère Teresa – quand on lui demanda comment changer le monde et promouvoir la paix – est devenue célèbre : « Rentrez chez vous et aimez votre famille… »
Ne nous méprenons pas sur l’Évangile d’aujourd’hui. Il ne laisse pas entendre qu’il faudrait tenir à distance ou renier sa propre famille. Au contraire, ici le Christ nous parle de sa famille élargie, composée de tous ceux qui, faisant la volonté de Dieu, sont pour lui un frère, une sœur, une mère.
Par ces mots, Jésus nous invite à ne pas rester dehors, mais à rentrer. Où ? En relation… avec lui. Ici, et maintenant. Sans se lasser, Jésus nous parcourt, nous aussi, du regard, avec tendresse et miséricorde, dans nos efforts, nos égarements, dans notre vie de tous les jours. Il nous espère et nous attend, là où nous en sommes, et comme nous sommes. Il nous regarde, nous aime et nous invite à nous asseoir en cercle, près de lui, comme la foule rassemblée ici, comme la sœur de Marthe, Marie. Pour l’écouter.
Celui qui laisse entrer Dieu dans sa vie, qui permet à la Parole de prendre chair en lui, vivra. Quelle plus belle espérance que celle de vivre, vivre avec le Christ ?
Blanche Streb, Docteur en pharmacie et essayiste
Ces hommes et ces femmes que Dieu aime
« Parce que tu as du prix à mes yeux, que tu as de la valeur et que je t’aime » Isaïe
Jésus ne se présente pas seulement comme un prophète dont la mission serait de rappeler les exigences morales essentielles de la Loi. L’on peut même dire que son principal souci n’est pas de faire respecter la Loi. Ce qui le préoccupe avant tout, ce sont les êtres, les personnes : des êtres, des personnes qu’il voit dans une grande détresse et qu’il veut sauver. Ce n’est pas la Loi qu’il faut sauver, ce sont ces hommes et ces femmes que Dieu aime et à qui il veut se communiquer. Il est envoyé pour leur révéler cet amour du Père. Et lui-même, par le plus profond de son être, ne fait qu’un avec cet amour de Dieu pour les hommes. Ce qui l’inspire et le guide dans toutes ses démarches, c’est vraiment l’amour des hommes, le souci de les tirer de leur détresse, de les arracher à leur déchéance, de leur rendre leur dignité et la joie ; ce n’est pas l’attachement à une idée ou à une loi si sainte soit-elle..
Éloi Leclerc († 2016), prêtre franciscain
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"Le suicide de Judas", basilique de Vézelay |
Nous sommes taraudés par un grand tabou, le suicide des prêtres. Il arrive qu’un jeune prêtre plein d’espérance se donne la mort un soir d’insupportable solitude, souvent parce qu’il a été calomnié. Nous n’en parlons guère. Mauriac aurait-il était Mauriac si son jeune frère prêtre ne s’était pas tué ? Qui peut le dire ?
Ce que nous savons, et de source sûre, c’est que la miséricorde est plus forte que le crime. Le pape François l’a exprimé magnifiquement en commentant le chapiteau de Vézelay sur lequel on voit Judas pendu, mais aussitôt repêché par le Christ qui le prend sur ses épaules. "Cela me console de voir ce chapiteau de Vézelay, disait Francois : comment finit Judas ? Je ne sais pas. Jésus profère de fortes menaces : “Malheur à cet homme-là par qui le Fils de l’homme est livré ! Mieux eut valu pour cet homme de ne pas naître.” Mais cela veut-il dire que Judas est en enfer ? Je ne sais pas. Je regarde le chapiteau. Et j’entends la parole de Jésus : “Ami.”" Comme nous avons aimé le pape Francois pour des paroles comme celle-ci ! Entre le pont et l’eau, il y a la miséricorde de Dieu, disait le curé d’Ars à la veuve du suicidé, la "douce miséricorde de Dieu", comme disait Bernanos qui reprocha si amèrement à Zweig de s’être donné la mort, Zweig qui, parce qu’il était écrivain, possédait un si grand pouvoir sur l’espérance des autres.
Xavier Patier, écrivain
fr.aleteia.org
Dieu a un Fils, Jésus
Fr. Philppe Verdin, dominicain
prièredanslaville.org
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Accepter que le Tout-Puissant se manifeste à moi dans le miracle de l’anodin, du quotidien, c’est abandonner l’idée païenne d’un dieu qui descendrait de son trône contraint de nous sauver de nos péchés. C’est accepter d’être un « tout-petit » qui renonce à expliquer à Dieu ce qu’il doit être et comment il doit faire.
Jésus est tout l’inverse d’un dieu obligé par nos fautes. Il est l’accomplissement d’un amour de chaque instant, qui trouve en lui-même sa cause et sa nécessité. Il est, Jésus, le visage de ce Dieu qui se communique car il aime. Il se communique par le miracle permanent de cet amour total, discret et humble qui garantit notre liberté. Qui demande à être accueilli et donne alors à nos vies ce relief neuf qui ouvre à l’Éternité.
Magnificat.
Le père Benoist de Sinety est doyen de la ville de Lille et curé de la paroisse Saint-Eubert.
Obsession médiatique
De quoi est-il question ? Il semblerait que le contenu de l’éducation sexuelle fasse encore et toujours l’objet d’une obsession médiatique irrépressible. À l’époque où les esprits critiques avaient des lettres, ils reprochaient à l’Église les croisades, l’Inquisition et Galilée, mais ça, c’était avant. Rappelons alors à ces médias que la morale sexuelle est loin d’être une obsession pour l’Église et dans l’enseignement catholique : si bon nombre de journalistes semblent avoir pour seul sujet d’intérêt les positions de l’Église quant à l’homosexualité, rappelons que sur les 700 pages que compte le catéchisme de l’Église catholique, trois paragraphes sont consacrées au sujet, soit 20 lignes.
Nous y trouvons par ailleurs un chapitre consacré à la chasteté "pour tous". La chasteté consistant à vivre la relation sexuelle comme un "don mutuel entier", elle concerne, rappelons-le, tout un chacun. Et qu’est-il dit exactement ? Que "les actes d’homosexualité ne sauraient recevoir d’approbation en aucun cas", que ces hommes et femmes "doivent être accueillis avec respect, compassion et délicatesse", et "qu’on évitera à leur égard toute marque de discrimination injuste" (CEC, 2357). Pour ce qui est de l’IVG, deux pages y sont consacrées réaffirmant que "le droit inaliénable à la vie de tout individu humain innocent constitue un élément constitutif de la société civile et de sa législation", d’où : "Dès la conception, l’embryon devra être défendu dans son intégrité" (CEC, 2270). Voilà ce que dit l’Église, voilà le contenu du catéchisme.
Et donc ? on fait du catholicisme un délit, au motif que les propositions évoquées plus haut seraient pénalement condamnables. La question est donc là : être catholique aujourd’hui, est-ce un délit ?
Jeanne Larghero, philosophe et professeur
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