28 mai 2019

LE MOUVEMENT DESCENDANT DE LA GRÂCE





On est obligé de s'abandonner quand on ne maîtrise plus rien.

[Nous convertir, c’] admettre que nous ne sommes pas tout-puissants.
La conversion du mal en bien prend forcément du temps. Cette transfiguration est sans doute possible mais si l’on veut trop vite réparer quelque chose, on fait du mauvais boulot. Je crois que transfigurer le mal en bien c’est évidemment ce à quoi nous sommes appelés, mais le mal demeure un mal. Un peu comme la résurrection de Jésus : ce qui est intéressant, c’est qu’il apparaît avec les stigmates de sa passion. Combien de conversions, de prières, de baptêmes ? même si Notre-Dame avait été complètement emportée, ils sont la vraie mesure de ce qui s’est joué dans cette cathédrale. Cela nous indique que la cité terrestre passera, et que la cité céleste se construit. On pourrait dire que la cathédrale céleste est faite de toutes nos joies, de toutes nos prières, de tout ce qui a été béni.
S’il y a quelque chose qui souffre dans le cœur de la France, de l’Eglise, s’il y a une réalité à vivre, il y a peut-être d’abord ce temps où il s’agit simplement de la vivre. C’est le temps de la prière où l’on dépose ce qui crie en nous, ce qui hurle en nous, et à un moment donné, on accepte de se déprendre de toutes les solutions qu’on avait soi-même imaginé pour aller mieux. On dit : « que ta volonté soit faite » et en son temps. La transfiguration du bien en mal ne peut pas se faire sans l’endurance de la durée de ce mal-là.
On est obligé de s’abandonner, car on ne maîtrise plus rien…
Cela nous convie à cette impuissance radicale, qui une fois qu’elle est acceptée comme telle, se nomme la prière.
On croit parfois que c’est nous qui allons vers Dieu comme vers un idéal, mais justement le mouvement descendant de la grâce c’est celui de Dieu qui vient à nous et non pas nous qui nous augmentons vers Dieu. Ce temps d’impuissance c’est vraiment un temps où le salut se vit comme quelque chose que l’on reçoit.
C’est fou comme ces mots confiance, espérance, souffrance, patience disent que l’on ne peut rien par nos propres forces. Ce sont des mots qui sont centraux dans la pratique chrétienne et qui montrent que la pratique chrétienne est toujours une pratique de la relation où activement, je me défais du pouvoir que j’ai sur ma vie, en le confiant à quelqu’un d’autre que moi.

Martin Steffens, philosophe
famillechretienne.fr 17/04/2019

1 commentaire:

Kunz-Bagros Chantal a dit…

Bonjour,
J’ai regardé votre conférence intitulée « Y a-t-il une philosophie? » mais ne saisis pas bien son rapport avec le message chrétien porté ici par le philosophe Martin Steffens.
Bien à vous.