30 mai 2019

LA LIBERTÉ SE PARTAGE






Ma liberté commence là où commence celle des autres

La liberté n’est jamais individuelle. Les premiers penseurs de la liberté la conçoivent d’ailleurs comme expression d’une parole dans la vie publique. Pour Platon ou Aristote, être libre, c’est être citoyen. Il s’agit de pouvoir vivre l’expérience du dialogue, sortir de son espace privé pour aller sur la place publique. L’esclave, lui, est confiné à l’espace domestique, au service du maître. Il ne vit son expérience d’homme qu’au sein d’un espace privé. Il faut que nous soyons devenus des esclaves pour croire que la liberté est surtout l’exercice privé de sa volonté propre ou l’expression publique de désirs seulement individuels.
De nos jours, on pense que la liberté, c’est être bien chez soi.
Dans l’espace privé, on est « privé de », privé du lien aux autres. C’est pourquoi la famille, comme lieu où l’individu se décentre et « compose avec les autres » (ces frères et sœurs qu’il n’a pas choisis), est une expérience politique fondatrice. Je remarque qu’à l’issue de leur parcours scolaire, nos élèves tiennent pour un sommet moral la sentence qui veut que : « Ma liberté s’arrête là où commence celle de l’autre. » Mais dira-t-on que mon bonheur s’arrête là où commence celui des autres ? Ou ma vie ? Quelle tristesse ! En réalité, ma liberté commence là où commence celle des autres. La liberté se partage.

Martin Steffens, philosophe
“Ma liberté commence là où commence celle des autres” (extrait)
30/01/2019
La Vie magazine 


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