19 octobre 2014

LA SALUTATION DE L'ANGE À MARIE





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Pour pallier le risque de rabâchage, redécouvrons quelques mots du Je vous salue Marie à haute saveur biblique.
"Je vous salue" 
C’est le premier mot de l’ange Gabriel à la Vierge Marie. Dans le grec de l’Évangile (Luc 1,28), le mot kaïré signifie littéra- lement « Réjouis-toi ! ». Il fait référence à de grands oracles pro- phétiques : « Réjouis-toi, Fille de Sion ! » Mais il est aussi une manière très révérencieuse de saluer les grands personnages. C’est par dérision que les soldats romains emploieront à l’égard du condamné Jésus cette salutation protocolaire : « salut (kaïré, ave), roi des Juifs ! ». Comment l’Ange peut-il employer pour cette jeune fille inconnue cachée à Nazareth, dans la plus modeste des bourgades d’Israël, une salutation réservée aux grands de ce monde ? C’est cela qui provoque la stupeur de la Vierge.
Il est heureux que la traduction française, par l’usage du vouvoiement et du verbe un peu solennel « saluer », rende bien cette nuance de respect que comportent la salutation angélique et le mot latin Ave ! Ce dernier a en outre un avantage que nos anciens ont aimé mettre en valeur. Il est l’exact contraire du nom latin de Ève (Eva). L’Ave de la grâce inverse la malédiction (vae) du péché d’Ève (Eva).
"Marie"
 C’est là qu’on est bien attrapé. Car l’Ange n’a jamais dit Je vous salue Marie. C’est la Tradition de l’Église qui a rajouté ce prénom pour que l’on comprenne bien à qui l’on s’adresse. (...) La première fois qu’apparaît dans la Bible le prénom de Marie (Myriam en hébreu) c’est au sujet de la sœur de Moïse. Aussi se pourrait-il que ce prénom soit égyptien et signifie aimée de Dieu. Si l’on ajoute qu’en français Marie est l’anagramme du verbe aimer, on comprend combien nous est doux le saint nom de Marie. 
"Pleine de grâce"
On est bien en peine de traduire le nom grec que l’Ange donne à Marie. Gabriel dit : Je vous salue « kékaritôménè» (Luc 1,28). Cela fait d’ailleurs une jolie allitération avec le mot précédent (kaïré kékaritôménè) difficile à rendre en français. Origène († 253) devait reconnaître que cette formule était littéralement inouïe, jamais adressée à aucun autre et réservée à la Vierge. L’Ange salue la « pleine de grâce » comme si cette plénitude était le nom propre de Marie, la plus propre à exprimer ce qu’est profondément la Vierge. Marie est totalement exempte de cet obstacle à la grâce qu’est essentiellement le péché. Virtuellement le dogme de l’Immaculée conception est déjà enchâssé dans ce mot biblique « comblée de grâce ».
"Le fruit de vos entrailles"
Cette expression étonnante est prononcée par Élisabeth lors de la Visitation. La vieille cousine ne parle pas à Marie de son enfant, mais du fruit de son ventre (Luc 1,42). Il serait très dom- mageable de perdre à cause de quelques ritournelles à la mode la haute densité biblique et théologique de cette formule. Le mot fruit est essentiel. Souvenons-nous du premier mot que Dieu adresse à Adam et Ève : « Fructifiez ! »(Genèse 1,28). Jésus nous demande avec insistance de porter du fruit (Jean 15,8). Fructifier : telle est la consigne primordiale. Hélas ! en s’emparant du fruit défendu nos premiers parents ont conçu le péché et la mort. À l’inverse Marie, Nouvelle Ève, a fructifié par l’Esprit saint en offrant au monde le fuit béni de son sein.
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En hébreu, le mot qui désigne les entrailles maternelles (rahamim) est de même racine que le mot miséricorde. Le père de l’enfant prodigue est pris aux entrailles, pris de pitié (oserai-je dire pris aux tripes) pour son fils sur le retour (cf. Luc 15,20). On voit comme il serait dommage de se priver d’un mot si évocateur ! En outre, sous son aspect très réaliste, gynécologique pourrait-on dire, le mot entrailles ajoute une précision dogmatique essentielle. Il dit la vérité de l’Incarnation du Fils de Dieu. Jésus n’a pas fait que passer dans le sein de la Vierge Marie. Par l’Esprit saint, il a pris chair de la Vierge Maärie. Les mots de la prière inculquent en nous la foi véritable. Le « Je vous salue Marie » est ainsi une école de foi et de vie en Christ. En effet, « ce que l’intelligence de la foi a saisi concernant Marie se situe au centre le plus intime de la vérité chrétienne ».

"Le Je vous salue Marie, une école de foi" (extraits)
par Guillaume de Menthière
e-book "Marie"
croire.com

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