21 juillet 2016

PRIER POUR NICE


Photo Maksim Blinov

Présents depuis le XIIIe siècle à Nice, les Pères dominicains sont installés à quelques pas de la Promenade des Anglais. Témoignage sur le vif du Frère Didier Vernay qui assistait au feu d’artifice du 14 juillet avant d’être témoin du drame. (...)
Ma première réaction a été de plonger dans la prière. J’ai prié pour les victimes, pour le ou les auteurs de l’attentat. Il fallait que quelque chose se passe dans les cœurs. Le chrétien doit être dans la confiance et l’espérance au-delà de la douleur, si immense soit-elle. Je suis convaincu qu’en l’absence de priants les conséquences de certains actes seraient encore pires. La prière atténue l’onde de choc du mal.
L’Écriture nous invite à prier sans cesse. C’est la meilleure façon de résister aux agressions extérieures et intérieures. Il y a la violence du monde et celle que nous avons en nous-mêmes. Si nous ne prions pas, nous serons manipulables à merci. Nous répondrons à la violence par notre propre violence…
La meilleure façon d’agir est sans doute de prier tous ensemble. C’est le rôle de l’évêque, le capitaine de la barque, de rassembler les croyants. Cette prière commune œcuménique est notre urgence. La force de la prière ne doit jamais être négligée. Je pense à la formule de saint Jean XXIII : « La prière est un outil qui peut soulever le monde ! »

Samuel Pruvot, journaliste 
Attentat de Nice 14 juillet 2016. (extraits)
famillechretienne.fr

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Les attentats peuvent réveiller des peurs. Chacun va réagir de manière différente en fonction de sa proximité avec les victimes, sa personnalité, son contexte de vie ou son histoire. Une personne qui a déjà subi des traumatismes peut être particulièrement sensible aux attentats, et verser dans des comportements extrêmes. La violence des attentats peut provoquer des émotions fortes de colères, de vengeance, de haine, de désespoir… Toute personne humaine ressent des émotions. Celles-ci peuvent être positives ou négatives. S’empêcher de les ressentir c’est se nier soi-même. Il est important de ne pas les enfouir, même si elles sont violentes. L’enjeu est de ne pas se laisser dépasser mais de chercher à les utiliser pour agir, penser, décider plus librement.
Se priver totalement de toute source d’information n’est pas une bonne solution. Il est important de savoir ce qui se passe dans le monde, car nous ne vivons pas seuls, nous sommes avant tout des êtres de relations. Refuser d’en savoir plus peut permettre à certains de revêtir une carapace. Ils se voilent la face sur le monde extérieur pour se réfugier en eux-mêmes, à l’écart de toute source de danger, craignant un monde trop violent pour affronter la réalité. Ils n’ont pas envie d’être touchés par ces images qui réveilleraient des peurs en eux, et l’indifférence devient alors un mécanisme de défense.
À l’inverse, il n’est pas bon d’être obsédé d’actualité mortifère. (...) Il est difficile de trouver le juste milieu entre deux extrêmes, l’indifférence et le tout-info. Ce sont les deux versants d’une seule émotion à gérer : la peur. (...)
En tant que chrétien, il s’agit avant tout de remettre toutes ses peurs au Seigneur, au pied de la Croix. (...) Même si nous devions tous mourir demain, nous sommes déjà vainqueurs avec lui. Le bien a gagné. Et le fait qu’il soit déjà vainqueur est une source d’espérance pour nous. Il ne s’agit pas d’une espérance ex nihilo, mais de l’espérance face au Christ. (...) Je ne parle pas d’un sourire ou d’un service hypocrite que nous pouvons proposer à autrui, mais de vivre de son espérance. C’est de cette manière qu’on parvient à une juste attitude, humaine et spirituelle. C’est celle-là que nous devons proposer à ceux qui ne sont pas chrétiens notamment, car notre visage, reflet du Sauveur, aura un rôle important pour eux. Si l’on était entouré de témoins de l’amour, les peurs tomberaient !

Claire Delange psychologue clinicienne
Extraits de ses propos sur la gestion de la peur
aleteia.org 20/07/2016

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Ces attentats nous obligent à réfléchir sérieusement. (...) Méditant sur ces drames, le pape François disait : « Jésus pleure ! Parce que nous avons préféré la voie des guerres, de la haine, des inimitiés. À Noël il y aura des lumières, des crèches… Mais tout est faussé : le monde n’a pas compris la voie de la paix ».
Le barbare se définit comme «l’homme d’ailleurs qui ne connaît pas les mœurs humaines communes. Les barbares sont ceux qui introduisent une rupture entre eux-mêmes et les autres hommes . Face à la barbarie, les incantations médiatiques ne suffiront pas à humaniser notre monde. Écoutons l’écrivain musulman Abdennour Bidar : « Notre crise majeure […] est une crise spirituelle d’absence radicale – dans les élites et dans les masses – de vision d’un sublime dans l’homme. Voilà le vrai visage du totalitarisme aujourd’hui : la conspiration de toutes les forces intellectuelles et sociales qui condamnent l’être humain à une existence sans aucune verticalité ».

P. Nicolas Buttet
Extrait de "Pourquoi Dieu a-t-Il permis les attentats ?"
famillechretienne.fr décembre 2015

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