22 juillet 2016

MÛRS POUR L'ESPÉRANCE



Image hozana.org

En France, on rencontre quotidiennement des raisons de désespérer, et dans les pays pauvres, aussi… On serait aussi malheureux en France qu’ailleurs. Il semble que la France connaisse un malaise, une dépression généralisée. Et pourtant, il faut parler d’espérance ! Foi, espérance et charité sont les trois vertus théologales. Dans le pessimisme ambiant, il nous faut retrouver la vertu d’espérance. Pourtant, il serait plus rationnel d’être pessimiste, ainsi on ne risque pas d’être déçu ! (...) Il y a tant de raisons de désespérer…
On ne parle que de crise économique, de chômage, d’angoisse, de stress. L’arrivée des immigrés nous fait peur. Les grands parents n’arrivent plus à transmettre la culture à leurs petits enfants. On rencontre une explosion de la violence. Au XVIIIe, XIXe et XXe siècle, on espérait dans le progrès, aujourd’hui, c’est fini. Le réchauffement climatique est une catastrophe écologique, etc.
Quant à l’Église, elle va mal, elle recule ; elle connaît un effondrement des vocations de prêtres : leur nombre a été divisé par deux en vingt ans. La pratique dominicale ne concerne plus que 5% des Français. Les chrétiens sont mélancoliques, désespérés, les fêtes chrétiennes disparaissent, les médias parlent de plus en plus de l’islam…
Aujourd’hui nous sommes mûrs pour l’espérance. Pour parler de l’espérance, il faut peut-être regarder d’abord le désespoir en face…
Peut-on finalement retrouver l’espérance ? L’espérance n’a rien à voir avec l’optimisme. Adrien Candiard cite Bernanos : « L’espérance chrétienne ne réclame pas d’optimisme, mais du courage ». Pour espérer vraiment, il faut renoncer à l’illusion. (...) Pour espérer en Dieu, il faut accepter d’abord de quitter toutes les autres espérances. » Nous devons accepter une purification. « Nous n’avons plus tellement d’autres choix que le désespoir devant la catastrophe ou l’espérance en Dieu. 
L’important, c’est la saveur du réel : il faut regarder le monde en face. Nous avons à renoncer à voir se réaliser, même partiellement, le triomphe de l’Église, pour accepter le paradoxal triomphe de la Croix. Jésus Lui-même a prédit la persécution, c’est le cas dans beaucoup d’endroits de la planète. Dieu nous a voulu ici en ce temps déroutant, où notre misère force son amour à se manifester avec plus de force.
Dieu fait juste une promesse, toujours la même : « Je serai avec toi ». Cela exige de renoncer à toutes les consolations imaginaires, qui nous déçoivent toujours. Dieu n’existe que dans le monde réel. C’est le Dieu du présent. Il ne se rencontre que dans la vraie vie, le vrai monde.
(...) Espérer, c’est croire que Dieu nous rend capables de poser des actes pour la vie éternelle. Les actes d’amour que nous posons construisent, dans notre monde déjà, l’éternité, le Royaume de Dieu.
Espérer, c’est croire que l’amour est plus solide que le reste. Il faut prendre l’occasion d’aimer dans toutes les contrariétés. En tant que chrétien, « il est normal que nous soyons nous aussi fixés à la croix. Nous n’emporterons au paradis que ce que nous avons su transformer en amour.  Nous sommes invités finalement à faire toute chose par amour, en nous appuyant sur l’Eucharistie, don suprême de Dieu pour nous sauver.

Adrien Candiard, dominicain
aleteia.org 14/07/2016

Aucun commentaire: