À quel moment quelqu’un quitte-t-il le domaine de la foi pour entrer dans le fanatisme ? Avec simplisme, certains pensent que s’il n’y avait pas de religions, ou si elles étaient strictement tenues dans la sphère privée, il n’y aurait pas de tels actes fanatiques. Pour ma part, je pense que ces actes ne sont pas un excès de religion, mais une sortie de la religion ! Et ils ne me semblent pas être un extrémisme de la foi, mais un détournement de la foi qui ne met plus Dieu au centre, mais seulement l’idée tordue qu’on peut s’en faire.
(...) Dieu se manifeste là où l’on ne l‘attend pas : dans un silence qui est une écoute profonde de Dieu. Le murmure d’une brise légère ! (1Rois 19) C’est une expérience mystique sans précédent : Dieu sort de nos schémas, Dieu remet les pendules à l’heure, Dieu nous secoue pour que nous sachions reconnaître que nous ne sommes pas maîtres de la vie et que nous ne saurions le rendre complice de nos prises de pouvoir abusives et nos caprices jaloux. La foi est écoute de Dieu, reconnaissance que nous ne saurions en être ni le champion ni l’unique représentant fidèle. La foi de Dieu est humble et tournée vers la vie. (...) Aujourd’hui, certains pensent que la foi ne doit pas chercher à se rendre visible et que l’on évite ainsi tout risque fanatique et prosélyte. En d’autres termes, la foi ne devrait pas être missionnaire. Mais la foi qui se voit n’est pas nécessairement une foi qui s’affiche pour prendre le dessus sur les consciences. Dieu merci, vivre sa foi et en rendre compte, à l’occasion, n’est pas une atteinte à la liberté de ceux qui ne la partagent pas. Ce n’est pas parce que certains ont quitté le sens de l’autre et de Dieu que l’on doit oublier une chose : la foi que certains savent exprimer avec simplicité et respect est capable de faire du bien autour d’elle. Des gens ont pu ainsi connaître le réconfort, retrouver l’espérance, regagner confiance en eux parce qu’ils ont reconnu l’expérience de Dieu dans l’attitude de quelqu’un ou sur son visage ou sur un signe extérieur de son expérience religieuse. Ils ont ainsi connu une rencontre qui les a aidés. (...) Pour les croyants, le contraire du fanatisme c’est de laisser Dieu nous renvoyer au monde en nous disant : « comporte-toi en être humain et fais confiance... ». Peut-être ce que saint Paul aurait dit ainsi : « C’est dans ma faiblesse que se déploie la force de Dieu. »
Frère Philippe Jaillot o.p., dominicain
Extrait du billet "Simplement croyant. Pas fanatique"
lejourduseigneur.com 28/04/2016
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