1 août 2015

L'HOMME EST L'ESPÉRANCE DE DIEU


Image: mauricezundel.ch

Je ne puis vouloir que les autres m'écoutent, mais qu'ils écoutent avec moi la Parole qui jaillit dans le silence de soi. (...)
Nous devons sans cesse combattre en nous cette idée idolâtrique d'un Dieu qui nous poursuit, d'un Dieu qui nous menace, d'un Dieu embusqué au tournant de la route pour nous surprendre, pour nous jeter dans un piège et nous condamner.
Dieu n'est jamais pour nous un rival. Il n'est jamais pour nous une défense, une menace, un interdit! Il est toujours une générosité qui attend et qui attendra éternellement la nôtre. (...)
Personne ne peut douter un instant de la vérité. Pour celui qui la profane et veut s'en faire un monopole, personne ne peut douter que la vérité demeure en face de lui désarmée. Elle sera gauche, elle sera faussée, elle deviendra un instrument passionnel pour les revendications d'un parti. Elle ne peut pas se défendre, elle ne peut que s'offrir! Et la musique, personne ne doute que si on la sabote en faisant du bruit, ne pourra pas d'avantage s'imposer. Comme personne ne doute que même l'amour le plus brûlant, le plus vrai, le plus authentique ne peut rien si notre coeur se refuse.  Et c'est cela qu'il faut voir: nous n'attendons pas d'être sauvés d'un Dieu qui nous menace! C'est bien plutôt lui qui attend que nous le sauvions des limites où nous sommes constamment tentés de l'enfermer. (...) Combien de temps nous faudra-t-il encore pour nous défaire de cette idole qui est justement la représentation de Dieu sous la forme d'une puissance qui domine et qui peut écraser, pour comprendre que Dieu est désarmé, qu'il est fragile, que n'importe qui peut le tuer? Et que c'est nous qui le crucufions sans cesse par nos refus d'amour! Et qu'il ne cessera jamais pour autant de nous attendre et de nous aimer! (...) C'est là que doit se faire un retournement de tout notre être dans la confiance, dans un don sans réserve et sans retour, car il est impossible de ne pas faire crédit à un Dieu fragile et désarmé, à un Dieu qui n'a rien et qui n'est rien que son Amour, et qui cherche le nôtre afin que nous devenions peu à peu ce qu'Il est.
(...) C'est par là que doit jaillir notre contrition; non pas comme une opération comptable sur les fautes que nous avons commises, mais comme un regret spontané de tous les refus d'amour dont nous avons pu être l'origine. Et non pas pour nous retourner vers un passé révolu, mais pour faire de notre vie un nouveau départ, pour donner à toute notre existence une orientation créatrice (...) avec cette certitude que Dieu nous est confié, qu'Il est remis entre nos mains. (...)

Maurice Zundel
extrait d'homélie, Lausanne 1960
mauricezundel.ch

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Je crois qu'il est temps pour moi de partir, d'avancer au large, vers la place qu'il m'a préparée, celle qui me va comme un gant, ma vie de tous les jours...

Commentaire de &, 31/07/2015
signedanslabible.org

3 commentaires:

Anonyme a dit…

J'abonde totalement dans cette vision humble et positive de Dieu, si différente de l'enseignement d'autrefois. L'amour a remplacé la menace.

Kunz-Bagros Chantal a dit…

Merci pour ce commentaire. Je pense toutefois qu'il faut éviter de juger de l'enseignement de la religion d'après une perception toute personnelle. Je crois en effet qu'il n'y a jamais rien eu de plus édifiant que de voir vivre des chrétiens vraiment engagés dans leur foi, ces personnes-là rayonnent même sans paroles, hier, aujourd'hui et toujours, c'est l'Église universelle, désarmée et invincible.

Kunz-Bagros Chantal a dit…

Tiré d'une exhortation du P. René-Luc, prêtre diocésain d'Albi, auprès des jeunes:

"Vu personnellement sur le mur d'une église russe:
Dieu est mort, signé Nietsche
et au-dessous:
Nietsche est mort, signé Dieu"