L'abbé du couvent bénédictin d'Einsiedeln était un saint et l'on gardait dans
l'abbaye le plus grand silence et le plus parfait recueillement. La liturgie y était célébrée avec perfection. Je n'ai jamais assisté, depuis, à une
messe pontificale où tous les ministres gardaient les yeux fermés...
La vie liturgique y était une chose vécue, dont on ne parlait d'ailleurs pas,
mais on en vivait avec une intensité prodigieuse. Cent cinquante moines vivaient dans le silence sans que je
m'en aperçoive : ce fut un apport fondamental. Ce cérémonial,
découvert à travers l'Evangile, c'était la réconciliation de l'Evangile avec le visible. Il était incarné sur la terre dans la Parole, les couleurs
et les sons, tout cela autour de la Table du Seigneur. La vie monastique était sur tous les plans du réel. Le silence était vraiment présence de Quelqu'un. Ce côté
rituel, je l'ai vu comme un voile de
lumière jeté
sur un Visage... La vie à travers toutes les réalités visibles, ordonnées dans la mesure, tout cela était fait pour harmoniser tous les plans de l'existence...
Il y avait une chapelle dédiée
à la VIERGE NOIRE, appelée ainsi parce qu'elle avait échappé au feu. Chaque soir, on y chantait solennellement le SALVE REGINA. La
SAINTE VIERGE faisait partie de la vie. Pendant ces années, j'étais extrêmement
heureux et j'étais comblé par la présence de la SAINTE VIERGE. Je pense que j'y serais resté, tellement j'y ai respiré
cette vie monastique, cette régularité
parfaite, cette liturgie, ce silence
et ce recueillement, si les circonstances n'avaient pas obligé à évacuer tous les étudiants français. C'est la patrie de mon esprit et je
suis resté oblat de SAINT BENOÎT.
Prophètes et
mystiques: théologiens - Maurice Zundel, biographie par lui-même, en ligne
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