Un jour, je pris la décision d'aller à la messe (...) Juste avant midi je
me glissai dans la crypte pour entendre la messe de semaine. Je ne savais trop
à quoi m'attendre; peut-être me retrouverais-je seul entre un prêtre et
quelques vieilles religieuses. Je m'assis tout au fond, en observateur. Alors
la chapelle commença de se remplir de gens de la rue qui venaient s'agenouiller
et prier. Leur dévotion simple mais sincère était impressionnante.
Une cloche tinta, un prêtre s'approcha de l'autel. Je n'étais pas sûr de
devoir m'agenouiller, moi le presbytérien.
J'écoutai les lectures, les prières et les réponds - tous si pleinement
ancrés dans les Écritures. Je retrouvai nombre d'éléments de la liturgie juive
que j'avais si intensivement étudiée (...) Soudain je réalisai que cet endroit
même était le lieu de la Bible, que c'était là qu'elle demandait à être lue,
proclamée et exposée.
Je restai là, assis, affamé d'une faim surnaturelle pour le Pain de Vie.
Après avoir prononcé les paroles de la Consécration, le prêtre éleva
l'Hostie. Il me sembla que la dernière
ombre de doute venait de me quitter; je murmurai "Mon Seigneur et mon
Dieu. C'est vraiment Vous! Et si c'est Vous, je veux communier entièrement à
Vous. Je ne veux rien retenir."
(...) Je ne sais comment le dire, mais j'étais tombé complètement amoureux
de Notre-Seigneur dans l'Eucharistie. Sa présence dans le Saint Sacrement était
puissante et personnelle. (...) Je savais que le Christ voulait que je le
reçoive dans la foi, non seulement spirituellement dans mon coeur, mais aussi
physiquement: corps et âme. C'était cela
le sens de l'Incarnation. C'était l'Évangile dans sa plénitude.
Chaque jour, après la messe je passais une demi-heure ou plus à prier le
Rosaire. Je sentais que le Seigneur répandait sa puissance à travers sa Mère
devant le Saint Sacrement.
(...) Je lui demandai dans la prière: "Seigneur, que veux-tu que je
fasse?" Je fus extrêmement surpris de sentir sa réponse en moi: " Que
voudrais-tu faire, toi?" Facile! Je
n'eus pas à y réfléchir deux fois. " Je veux te recevoir, toi Jésus,
mon Frère et mon Seigneur, dans la Sainte Eucharistie." Et sa réponse vint:
"Je ne t'en empêche pas."
Scott Hahn, théologien presbytérien d'origine juive converti au catholicisme,
in "Rome, sweet Home", Ignatius Press San-Francisco 1993
(traduit de l'américain)
*****
Olivier Clément a raison. Le Christ n’est
pas venu réprimer le désir, mais le transfigurer. C’est le sens de la
communion. Le Christ se mange. Car il est l’intime allant dans l’intime. Il est
noce de Dieu et de l’homme, du ciel et de la terre. Une noce fastueuse, que
tout homme peut être amené à vivre, s’il libère son cœur. En vivant. En
faisant corps avec Dieu. En n’ayant pas peur de comprendre que Dieu est noce et
que la noce véritable est Dieu.
Bertrand
Vergely
in Pérégrinations
d'un habitué de la Sainte Montagne
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