2 décembre 2024

MARIE, ÉTOILE DU MATIN


« Autel de Marie avec l’enfant » - S. Gabler  1475-1521

(Eglise paroissiale de Schwabach - D)


Que Marie, étoile du matin, éclaire nos routes chahutées 

et nous conduise là où la tendresse de Dieu s’offre comme un cadeau.

« Étoile du matin »… Le texte latin dit exactement « Stella matutina », « étoile du petit matin », de l’aube, du point du jour. Marie est celle qui brille — discrètement, à peine un point, comme une étoile — alors que le ciel rosit à l’horizon, que l’espoir s’apprête à renaître. L’« étoile du matin », c’est aussi l’étoile du Berger, cet astre qui après avoir brillé au début de la nuit, disparaît puis réapparaît à l’aube. Marie est un guide, donc, la promesse du jour, le premier signe de l’espérance accomplie. Et c’est bien une étoile que le peintre de ce retable allemand de la fin du moyen âge a représentée. À la façon du moyen âge : un point qui émet des rayons. 

On n’en voit pas le centre, puisque le centre est la statue de Marie, une Vierge tendre, qui penche la tête vers son enfant nu. Mais tandis que Marie est toute vêtue d’or, les rais de l’astre se détachent sur un fond bleu de nuit atypique pour une peinture de cette époque. D’ordinaire, toutes les figures d’un retable sont nimbées par un fond doré. Mais ici, la nuit fait le fond et, au centre, jaillit ce point de lumière, ce foyer rayonnant qui écarte les ténèbres. Le centre de l’étoile n’est pas la tête de Marie, mais son corps, ce corps qui a donné (ou qui va donner) naissance au Sauveur. Il y a même un contraste, peut-être involontaire, entre les rudes panneaux de bois du fond et la chaleureuse douceur de Marie. Comme si la tendresse s’affirmait au sein des difficultés, de la dureté, des échardes. Le combat contre les ténèbres n’est pas encore gagné. Les pointes d’or se fraient un chemin dans la nuit, mais elles ne l’ont pas encore abolie. Ce n’est que le début. L’Étoile de l’aube, comme tout signe d’espérance, n’est pas la lumière du triomphe, mais la lueur qui met en marche, qui incite le pèlerin à prendre la route.


Frère Yves Combeau, dominicain

lejourduseigneur.org



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