18 janvier 2024

À QUOI BON ?

 


Il faut distinguer « la personne » de l’Église de son « personnel » 

La question ne mérite-t-elle pas d’être posée crûment : à quoi bon rester encore dans une Église qui crée et aggrave tant de souffrances ? La réponse ne va pas de soi, en réalité elle nous dépasse : elle vient de « lui », le Christ mort et ressuscité, sans qui tout cela n’aurait guère de sens. Certains soulignent ne pas vouloir quitter Jésus à cause de Judas, si multiple soit-il. On rappellera certes également qu’il faut distinguer « la personne » de l’Église de son « personnel » : les membres du corps du Christ, même (et surtout ?) ceux qui forment sa hiérarchie, n’étant assurément pas « l’Église » mais « de l’Église ». À condition de ne pas faire de cette distinction une excuse trop facile, qui renoncerait à l’exigence absolue attendue du témoignage que ce corps entier doit rendre au Christ lui-même. Alors quoi ? Peut-être simplement commencer par se rappeler que l’Église n’est pas « elle » (l’institution) ni « eux » (les clercs) mais fondamentalement « nous » : vous, moi, le pape, ma belle-mère et toute une foule plurielle de personnes imparfaites, contradictoires mais faisant, la plupart du temps, de leur mieux. Souvent même un authentique bien, fût-ce loin des regards. Heureusement, par-delà les dysfonctionnements les plus désespérants, il y a… tout le reste. Le souffle de l’Évangile, la lumière de l’Esprit saint, la foi belle et joyeuse vécue dans la liturgie, l’engagement gratuit de tant de femmes et d’hommes, les mots simples de la prière des enfants. Et le salut. Malgré toutes les scories humaines, des germes invisibles de vie éternelle. Assez pour lever les yeux, retrousser nos manches et, oui, croire quand même.

Aymeric Christensen, rédacteur en chef de La Vie

extrait de l’édito du 27 avril 2023


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