6 octobre 2023

DIEU NOUS FAIT CONFIANCE

 



L’Église, c’est la foi, mais surtout la foi que Dieu met en nous, la confiance qu’il nous fait. 

On sait bien qu’elle n’est jamais très solide, notre foi. Même quand on la croit forte, inattaquable, indiscutable, c’est alors qu’elle se met tout à coup à tanguer. Ne l’avons-nous pas déjà expérimenté mille fois ? Au cours d’un temps fort l’amour de Dieu est une vérité aveuglante, d’une évidence parfaite ; et quelques jours après parfois, revenu chez soi, on se prend à douter, ou à se laisser gagner par l’indifférence. Comment est-ce possible ? Notre cœur n’était-il pas tout brûlant, il y a quelques jours, il y a quelques heures ? Le cœur humain n’est pas très solide. Si c’est sur notre foi que Dieu veut bâtir son Église, n’est-ce pas une entreprise vouée à l’échec ? Elle le serait si l’Église était fondée sur la foi de Pierre, ou sur notre foi à nous. L’Église, c’est la foi, mais surtout la foi que Dieu met en nous, la confiance qu’il nous fait. Alors il fait confiance, et il nous confie ce qui compte le plus, ce salut qu’il offre au monde. Il nous laisse le soin de nous secourir les uns les autres, de nous aimer concrètement, d’être porteurs les uns pour les autres de la Bonne Nouvelle de Dieu. C’est cette confiance de Dieu, sans doute, plus que la confiance en eux-mêmes, qui anime les si nombreux bénévoles qui permettent à notre pèlerinage d’exister, les hospitaliers et les hospitalières, les commissaires, les hôtesses, les choristes, et j’en passe. Ce pari de Dieu, ce choix de nous faire confiance, Dieu sait bien qu’il ne fonctionne pas à tous les coups. L’histoire de l’Église commence par un échec, et elle voit régulièrement, au fil des siècles, se renouveler — parfois tragiquement — les abandons et les trahisons de ceux qui devraient la servir. Cela ne devrait pas nous étonner. Dieu sait qu’avec la confiance, cela ne fonctionne pas toujours, mais que sans la confiance rien ne fonctionne jamais. Il n’ignore pas que nous avons besoin de temps, pour apprendre à devenir l’Église qu’il désire, capable de porter la Bonne Nouvelle. Cette Église-là n’est pas sûre d’elle-même, triomphante, enivrée de ses propres succès, souvent temporaires ou ambigus, trop marqués par l’esprit du monde ; elle se sait au contraire modeste, consciente de ses fragilités, émerveillée aussi de l’infatigable confiance que Dieu ne cesse de lui renouveler.

Fr Adrien Candiard, dominicain 

Extrait de l’homélie du pèlerinage du Rosaire, Lourdes 2023

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