23 février 2023

CESSONS DE « RÂLER »

 


Ce sont les plus pauvres qui gardent leur énergie pour goûter les joies les plus simples.

S’il existe de vrais motifs de se plaindre, il en existe beaucoup qui procèdent d’une manière de profiter de la faiblesse d’autrui. Étrangement, ce sont souvent les plus pauvres qui se lamentent le moins et qui gardent leur énergie pour goûter les joies les plus simples.

Dans le monde entier, le Français est regardé comme celui qui « râle », qui n’est jamais content de rien, y compris celui qui naît avec une petite cuillère en argent sous la langue. Vivre en France, surtout dans les grandes villes, et encore plus dans la capitale, peut devenir épuisant lorsque toute une mentalité, toutes les habitudes, conduisent sans cesse à des revendications agressives, des frustrations et des violences. Tel est l’héritage révolutionnaire qui a tant abîmé l’esprit français si vanté dans toute l’Europe du XVIIIesiècle. Napoléon avait raison de dire : « Il est dans le caractère français d’exagérer, de se plaindre et de tout défigurer dès qu’on est mécontent. »

Cette tendance constante affaiblit non seulement les personnalités, mais aussi le pays tout entier. Il est par ailleurs tout à fait indécent de se plaindre ainsi, sans raison valable, tandis que le plus grand nombre de nations survivent dans des conditions effrayantes. 

Étrangement, les plus pauvres parmi les pauvres de bien des régions du monde ne se lamentent pas constamment, préférant garder leur énergie pour saisir et goûter les simples joies. Léon Bloy notait qu‘» il n’y a que les pauvres qui partagent », donnant ce qu’ils n’ont point ou si peu, ne louchant pas sur les biens et sur les bonheurs du voisin, ne jalousant pas celui qui, par une protection mystérieuse, semble passer, au moins pour un temps, à travers les gouttes de la souffrance.

Voilà une grâce à demander, sans tarder et sans relâche, au seuil du carême. Perdre du temps à grogner, à râler est autant qui s’envole et qui pourrait être autrement bien employé à se réjouir, à goûter, à contempler. Il est trop bête de passer à côté de tout ce qui est beau, bon et vrai, sous prétexte que tout n’est pas selon notre attente, notre goût, notre voracité. Refuser, en geignant, les misères de la vie n’aide certainement pas à les détruire ou à les diminuer. Accepter n’est pas fatalité mais sagesse millénaire. Ne soyons pas des sans-culottes spirituels.


https://fr.aleteia.org/author/pere-jean-francois-thomas-sj/



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