23 janvier 2022

COMMENT EXPLIQUER CETTE HAINE CONTRE LA FOI CHRÉTIENNE ?

 


«Il est plus facile de s'attaquer au christianisme qu'à d'autres religions»


Les actes de vandalisme ou de vols révèlent une incompréhension totale, voire une ignorance subie ou voulue du message chrétien, de la personne du Christ, de ce qu'ont réalisé les saints représentés par les statues qu'on décapite. Qu'on déboulonne une statue de Cecil Rhodes passe encore, mais de Saint-Antoine de Padoue ou de Saint-Vincent de Paul ?

Comment expliquer cette haine contre la foi chrétienne?

Il y a d'abord un fait très simple, c'est qu'il est plus facile de s'attaquer au christianisme qu'à d'autres religions ; là, au moins, on ne risque pas de se faire égorger.

Ensuite, on peut haïr le christianisme soit en tant qu'il est une religion en général, soit parce qu'il est une religion déterminée, différente des autres. Il combine donc la haine des «laïcards», ennemis de toute religion et celle des ennemis du christianisme en particulier. Par exemple, pour ne parler que du christianisme catholique ou orthodoxe, musulmans et évangélistes peuvent vouloir concrétiser leur répugnance devant les images peintes ou sculptées...

De plus, c'est un fait que le christianisme sous sa forme catholique a été la religion d'une grande majorité des Français. Deux conséquences s'ensuivent : d'une part, pour beaucoup, «la religion» dont ils veulent la fin se présente nécessairement sous la figure du catholicisme. Et d'autre part ceux qui haïssent la France et rêvent de la détruire sentent plus ou moins confusément qu'attaquer l'Église catholique, c'est aussi une façon d'affaiblir le pays tout entier en en sapant les fondements spirituels.


Quant au vrai travail, qui consisterait à changer les mentalités, il est, lui, de très longue haleine. Il faudrait d'abord en finir avec la légende qui met tout le malheur du monde sur le dos de «la religion» et en particulier de l'Église. Cesser de mentionner «les religions» et faire un peu le tri entre les religions, ne pas confondre le message du ou des fondateurs ou celui des textes faisant autorité avec le comportement de certains croyants dans telles ou telles circonstances, etc. Bref, pratiquer des distinctions au fond très élémentaires. Il faudrait purifier la recherche historique des idéologies qui l'empoisonnent. Vaste programme.


Rémi Brague, membre de l'Institut de France, normalien, agrégé de philosophie et professeur émérite de philosophie à l'université Panthéon-Sorbonne

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