PRIÈRE SUR LA PAILLE

 

Un message de joie plus que jamais nécessaire

C‘est un gros carton sans âge aux coins élimés. On l‘ouvre avec cet immuable cérémonial porteur d‘odeur d‘enfance qui se répète à chaque entrée dans l‘Avent. Viennent d‘abord des guirlandes scintillantes qui piquent les yeux et envoient une réjouissante lumière argentée et dorée. Une banderole de lettres que l‘on retrouve immanquablement emmêlées se déroule pour souhaiter un Joyeux Noël. Elle est un peu froissée, mais on l’accroche tout de même au mur tant ce message de joie semble plus que jamais nécessaire.

Au coeur du carton, voilà enfin le trésor. Une vieille boîte à biscuits ouverte avec émotion et dont on semble découvrir encore le précieux contenu. En examinant les personnages de terre cuite figés, à qui l’on s’apprête à redonner vie, l’esprit vagabonde. Bergers et artisans tenant fièrement l’instrument de leur labeur invitent à bénir l’Éternel pour le travail des hommes. On en vient à penser que ceux-là au moins ne connaissaient ni télétravail ni chômage. Sorties une à une de la caisse, les paisibles brebis vont rejoindre la mousse à peine récoltée, avec les chameaux. Le boeuf et l’âne aussi sont en bonne place, la meilleure. Alors que la radio crache les dernières infos sur la crise sanitaire, on se met à compter machinalement les bêtes et les santons… Tiens, voici le ravi, ses bras levés vers le Ciel. On a tellement envie de lui ressembler. Et voici le bon Joseph. On invoque alors pour nos familles cette figure de père ô combien inspirante. Encore un papier de soie et un précieux santon: Marie apparaît dans son vêtement bleu ciel, à genoux pour être au plus près de son fils. C’est vers la Sainte Vierge que monte instantanément une prière pour notre monde, elle dont le coeur bat tout près du coeur de Dieu. Un dernier petit paquet: c’est un trône de paille et le Petit Jésus. Le poupon aux bras ouberts pour accueillir le monde est vite caché pour quelques semaines, comme une promesse. On se met à rêver que ce Noël soit l’occasion d’en retrouver le sens premier. Quelqu’un aurait-il changé la fréquence de la radio ? Les infos anxiogènes ont laissé la place à une voix familière. „ Essayons de tirer du bien de cette situation que la pandémie nous impose „ demande le pape François qui récite la prière de l’Angelus à Rome. Et d’exhorter le monde à plus de sobriété, plus d‘attention et de respect envers nos proches qui sont dans le besoin. Sans oublier des moments de prière en famille, avec simplicité.“ On peut enfin accrocher l’étoile au-dessus de la crèche.

Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction

Prière sur la paille

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