18 octobre 2021

LES LUMIÈRES DE LA FOI



 Il arrive souvent que cette science est comme éteinte dans notre esprit.

On peut dire que le Saint-Esprit donne à la science de la foi le même avantage que la lumière donne aux figures et aux couleurs. Lorsque le soleil est entré aujourd’hui dans ce palais, il n’a ni doré les alcôves, ni brodé les lits, ni ciselé l’argenterie, ni peint les tableaux dont les appartements sont enrichis ; cependant on n’apercevait point ces meubles précieux, ils étaient à notre égard comme s’ils n’eussent point existé : c’est la lumière de cet astre brillant qui les a rendus visibles. Il en est de même en quelque sorte des vérités de la religion et de la morale chrétienne : nous en savons à peu près ce que nous en devons savoir ; mais il arrive souvent que cette science est comme éteinte dans notre esprit, qu’elle y est comme si en effet elle n’y était pas ; parmi tant de vérités qui ornent l’entendement, pas une ne touche la volonté : c’est parce qu’elles ne sont pas éclairées de ce rayon surnaturel qui nous les fait apercevoir ; elles sont peintes dans la mémoire sans que l’âme les y découvre. Voilà pourquoi, lorsque le Saint-Esprit vient en nous, on est surpris de voir tout d’un coup des choses qu’on ne voyait point auparavant, quoiqu’on les eût en quelque sorte devant les yeux ; on s’étonne qu’ayant eu une connaissance si exacte de la vérité, cette connaissance soit demeurée comme endormie, n’ait fait naître aucun sentiment dans notre âme ; tant on trouve de différence entre le grand jour dont on est environné, et les ténèbres d’où l’on sort.


Saint Claude La Colombière († 1682), prêtre et théologien jésuite,

Méditation quotidienne 

Aucun commentaire: