22 octobre 2020

DU FANATISME




Le fanatisme est la marque d’une absence de Dieu. 

Quand j’ai commencé à travailler le sujet, je croyais, comme tout le monde il me semble, que le fanatisme venait d’une forme d’excès de religiosité. À présent, il m’apparaît que le fanatisme est au contraire la marque d’une absence de Dieu. Cela peut surprendre ! Mais le fanatique religieux est quelqu’un qui, tout en parlant de Dieu à tout bout de champ, l’a en réalité remplacé par un objet plus accessible, qu’il peut posséder, alors que Dieu est toujours plus grand que nos prises de contrôle et nos manipulations. Ce qui peut remplacer Dieu, ce sont souvent des objets proches de Dieu : ses commandements, sa révélation, la liturgie, etc. Tous ces objets sont très bons en eux-mêmes, tant qu’ils restent ce qu’ils sont : des chemins vers Dieu. Quand on les prend comme une fin en soi, quand on les traite comme des absolus, alors que Dieu seul est absolu, on bascule dans l’idolâtrie.

Au-delà des risques évidents, quand le fanatisme engendre une violence physique (ce qui n’est pas toujours le cas !), j’aimerais souligner combien le fanatisme est, pour celui qui le vit, une prison. Les idoles ne nous libèrent jamais. Elles créent de l’obsession, du scrupule, de la peur. Rien de surprenant à cela : elles sont limitées, et nous voulons les prendre pour un absolu.

La tentation idolâtre, qui fait naître le fanatisme, nous concerne tous. Ce n’est pas pour rien que le premier des Dix commandements nous met en garde à son sujet ! La vie spirituelle n’est rien d’autre qu’une patiente destruction de nos idoles intérieures, sous la conduite de l’Esprit saint : prier, laisser Dieu être Dieu en nous, c’est donc progressivement désarmer en nous les tentations du fanatisme.


Frère Adrien Candiard, dominicain de la Province de France, écrivain.

« Du fanatisme: quand la religion est malade » 1er octobre 2020

Aucun commentaire: