Chercher une autre réponse à la violence que par la violence.
Dieu a aimé le monde. Or, dans l’Évangile de Jean, le monde n’est pas le monde aimable, c’est le monde qui rejette Dieu. La Parole est venue dans le monde et le monde ne l’a pas acceptée. C’est le monde en ce qu’il est rebelle à la parole de Dieu. Quand l’Évangile dit que Dieu aime le monde, il ne dit pas que Dieu aime le monde parce que le monde est aimable, il dit que Dieu aime le monde parce que Dieu est amour. Et le propre de l’amour complet, c’est d’aimer l’autre tel qu’il est, qu’on le trouve sympathique ou non. Ensuite, que veut dire « aimer » dans le passage de l’évangile de Matthieu ? Martin Luther King a dit cette phrase lumineuse : « Heureusement que Jésus ne m’a pas demandé de trouver mon ennemi sympathique. Je ne peux pas trouver sympathique celui qui envoie ses chiens sur moi et détruit ma maison. En revanche, je peux l’aimer. » Aimer ne veut dire « trouver sympathique », aimer autrui, dans l’Évangile, c’est essayer de le faire grandir. Dans l’évangile de Jean, après avoir dit « Aimez-vous les uns les autres », Jésus ajoute : « Il n’y a pas de plus grand amour que celui qui se dessaisit de sa vie pour ceux qu’il aime. » C’est celui qui renonce à quelque chose de lui-même pour faire grandir l’autre, dans toutes les dimensions de sa personne.
C’est ce que dit Jésus quand il nous demande d’aimer nos ennemis : essayez de dépasser votre réaction première de haine et de violence, prenez les choses autrement, essayez de le faire grandir dans cette situation.
D’autres traditions disent la même chose. Je lisais récemment un livre du Dalaï Lama qui racontait que son médecin avait été enfermé pendant 18 ans dans les goulags chinois où il avait connu la faim, le froid, la torture. Le médecin parlait du combat qu’il y avait vécu. Le combat pour survivre ?, demande le Dalaï Lama. Non, répond le médecin, le combat pour ne pas perdre la compassion pour mes geôliers. Certaines personnes, dans des situations extrêmes, ont été capables de dépasser leurs réactions premières et de voir les choses autrement. Je ne sais pas si j’en serai capable, mais je sais que c’est possible.
Jésus dit : « Priez pour ceux qui vous persécutent. » Cela se joue aussi dans le combat de la prière. Car même si on n’arrive pas à garder de la compassion pour ceux qui nous font du mal, on peut toujours prier pour eux. On peut croire que le travail de la prière peut nous aider à changer notre regard sur eux. Le vrai combat que nous sommes appelés à mener, c’est de vivre l’Évangile, c’est-à-dire de faire des choses que nous n’aurions pas faites sans l’Évangile.
« Tends aussi la joue gauche », est parfois traduit par « tends l’autre joue ». Certaines interprétations disent que le mot important dans cette phrase, c’est le mot « autre », et qu’elle signifie : « Cherche une autre réponse à la violence. » Notre réaction première est de répondre à la violence par la violence. La vocation du chrétien est d’essayer de trouver d’autres réponses que la violence à la violence.
Antoine Nouis, pasteur de l’Église réformée unie de France
„Aimez vos ennemis, priez pour ceux qui vous persécutent „
croire.la-croix.com
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