Dans l’Evangile, c’est la liberté du cœur qui est en cause.
Notre monde est dominé par l’angoisse depuis de nombreux mois ! Nous ne parlons plus, au moins dans les médias, mais souvent aussi entre nous, que de la pandémie et de l’effondrement économique, que de priorités sanitaires et économiques ! Or il se trouve que Jésus dans l’Evangile nous dit, de la part de son Père : « Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous le vêtirez ! » (Mt 6.25)
Peut-être pensons-nous que c’est facile à dire ! Quand sévit une crise sanitaire pareille à celle que nous vivons mondialement, continent après continent, et que s’ouvre une crise économique qu’on nous annonce énorme, quand on court le risque de perdre sa santé, son emploi ou qu’on l’a déjà perdu, comment ne pas se faire un souci d’encre et être terriblement inquiet pour son avenir et celui des siens ?
(...) Mais dans l’Evangile, c’est la liberté du cœur qui est en cause et que Jésus défend !
Si l’herbe des champs pouvait parler, elle nous dirait sans doute tout le dur labeur de ses racines pour produire une fleur. Si les oiseaux pouvaient parler, ils nous diraient que la nourriture ne leur arrive pas toute seule dans le bec ! il leur faut la chercher ; ces oiseaux construisent aussi des nids, nourrissent leurs petits et les protègent contre les prédateurs. C’est un peu comme nous. Ne prenons pas ici Jésus pour un naïf.
Son propos est de nous faire réfléchir et de nous aider à trouver un autre niveau que celui de l’immédiat matériel, celui du Royaume des cieux. Si l’on est chrétien on ne peut pas faire l’économie des maîtres mots de cette logique divine complètement déconcertante, qui ne sont pas « le principe de précaution », « dégager des profits », ou « l’homme augmenté », mais « sauver », « donner », « transfigurer ». Et n’est-ce pas d’ailleurs ce que nous demandons à chaque fois que nous prions le Notre Père ? « Donne-nous aujourd’hui notre pain substantiel ? » autrement dit, donne-nous ce que nous avons réellement besoin pour vivre, pour être heureux, pour être debout, pour marcher, pour être des hommes et ne nous donne pas seulement notre baguette de pain quotidienne, même si elle est importante !
Chez l’homme, il y a trois niveaux de satisfaction des besoins : le matériel, le relationnel et le spirituel, le corps, l’âme et l’esprit. Et là, personne ne peut faire le travail à sa place, à notre place. C’est un travail sur soi, éminemment personnel, un combat spirituel.
L’Évangile parle donc clairement de vivre le "moment présent", de ne pas ressasser le passé, de ne pas avoir peur de l’avenir. (...) Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus affirmait : "La seule chose qui me guide c'est l'abandon, je n'ai pas d'autre boussole ! " Le fait de se préoccuper n'a effectivement jamais résolu aucun problème. Ce qui résout les problèmes c'est la confiance en Dieu, c’est la foi.
Si nous vivons dans le moment présent, d'une manière mystérieuse, nous recevons de la force. Ce que je dois vivre aujourd'hui, je le vis avec la grâce. Si demain je dois faire face à des situations plus difficiles, Dieu m'accordera plus de grâce.
Père Pascal, prêtre orthodoxe
La lettre de Béthanie no. 173 ( extraits)
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