5 janvier 2020

LES MAGES





Bouleversant face-à-face de nos vies avec l’innocence de ce Dieu-là.

«  Il aura suffi 
à Jésus de naître
pour que dans la nuit 
où marchaient les êtres
sans but et sans maître
l’espoir reprenne corps,
l’espoir reprenne vie » 

Charles Aznavour 
(Un enfant est né) 


*****

Désormais, dans le ciel, l’étoile peut bien disparaître, elle s’est levée à jamais dans leur cœur ! Voilà les Mages enfin à quai de leur longue recherche. Ils cherchaient un roi, ils trouvent un nouveau-né, fragile et dénué de tout. Ils ne resteront pas sur le pas de la porte, en simples curieux. Solennellement alors, ils franchissent le seuil d’une bien pauvre étable, pour accomplir en vérité un très mystérieux office. L’évangéliste a voulu noter précisément chacun de leurs gestes, comme s’il s’agissait d’une célébration autant qu’une visite. Ils tombent à genoux, se prosternent et, pour offrir leurs cadeaux, comme leur cœur, ils ouvrent alors très grand leurs coffrets. Pas un mot. Des attitudes inoubliables, devant ce qui attire vraiment. Un tout petit enfant, désarmé et désarmant. Pas ces richesses convoitées que produisent les hommes ni les pouvoirs qu’ils se donnent, mais l’innocence, sans cesse bafouée, sans cesse pourchassée, devant laquelle, un jour, les genoux finissent quand même par plier. Ces trois-là ne se rendent pas jusqu’à Bethléem pour un banal hommage, une reconnaissance un peu extérieure, protocolaire. Leurs belles offrandes visibles, si symboliques, cachent sans doute l’essentiel. Dans le bouleversant face-à-face de nos vies avec l’innocence de ce Dieu-là, tous les colifichets de l’existence perdent soudain de leur éclat. Enfin, les illusions tombent, et notre peur avec elles. De cadeau, en vérité, le Christ ne désire qu’une chose : comme les Mages leurs précieuses cassettes, que nous lui ouvrions sans crainte le coffret parfois bien scellé de notre vie. Que nous lui présentions nos misères les moins avouables et les plus secrètes, que nous lui donnions toute notre vie au fond, notre pauvre vie, dont nous savons bien qu’elle ne brillera alors que rehaussée de l’or de son regard miséricordieux. Oui, ce coffret-là, unique à chacun et si grand ouvert sur le très intime de nos cœurs, que nous puissions sans crainte le lui apporter à la crèche et le lui ouvrir vraiment. De toutes les belles offrandes, pour lui, sans doute la plus précieuse.

Prière:
Seigneur, comme tu l’as fait pour les Mages, ouvre des chemins de quête authentiques aux hommes de notre temps : donne du sens à nos vies, mets-nous au large sur des routes nouvelles et aventureuses, fais scintiller ton étoile à l’horizon de chacune de nos existences.
Seigneur, comme tu l’as fait pour les Mages, donne-nous la grâce de l’émerveillement, purifie nos adorations et apprends-nous à nous prosterner et nous agenouiller sans crainte devant ce qui nous grandit et nous libère.
Seigneur, comme les Mages l’ont fait à la crèche, donne-nous de partager nos biens les plus précieux et surtout, de t’ouvrir très grand et sans peur le coffret parfois très verrouillé de notre cœur plein de misère.

Patrick Laudet, diacre à la cathédrale Saint-Jean de Lyon.
Homélie « L’épiphanie du Seigneur » (extrait)
croire.la-croix.com

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