7 janvier 2020

NOTRE SOCIÉTÉ LIBERTAIRE



Notre-Dame de Fontgombault, XIeme s.

Cette idée qu’il n’existe pas de vérités indiscutables qui guident nos vies, et donc que la liberté humaine n’a pas de limites. 

Au sujet des « abus sexuels » dans l’Église et de leur ampleur, je suis assez étonné qu’on ne replace pas ceux-ci dans le contexte actuel d’un libéralisme quasi-total au plan de la sexualité. Ce qui touche à la reproduction et à la nourriture fait l’objet d’un instinct nécessaire à la pérennité de l’espèce humaine et à la vie. Le péché, s’appuyant sur cet instinct, en a fait un lieu de quête du plaisir allant jusqu’à la destruction de l’autre, comme c’est le cas dans l’avortement (la société demeure en déni sur ce point) ou comme, on le découvre maintenant, au plan psychologique chez les enfants abusés et chez les femmes et certains hommes. Le corps humain devient marchandise. Ces « abus » cachés longtemps par une société idéologiquement permissive, pas seulement par l’Église mais aussi dans les institutions scolaires, sportives, et surtout dans les familles, apparaissent aujourd’hui au grand jour. François citait ainsi Benoît XVI dans l’introduction à sa deuxième encyclique Laudato si, en évoquant les blessures de l’environnement naturel et social causées par le comportement irresponsable de l’homme : « Toutes, au fond, sont dues au même mal, l’idée qu’il n’existe pas de vérités indiscutables qui guident nos vies, et donc que la liberté humaine n’a pas de limites. On oublie que “l’homme n’est pas seulement une liberté qui se crée de soi. L’homme ne se crée pas lui-même. Il est esprit et volonté, mais il est aussi nature” ». L’idéologie rend l’intelligence captive de la volonté alors que dans un acte responsable, l’intelligence offre un cadre à la volonté : la vérité. Incapable de se remettre en question, de s’atteler à discerner la vérité sur l’homme et de s’y soumettre, la société, en face de situations manifestes d’échec qui se développent désormais à grande échelle et de plus en plus rapidement, cherche des boucs émissaires. L’Église est en tête de liste, car elle s’est toujours portée en défenseur de la moralité, de l’homme ayant reçu en don de Dieu un corps et une âme. La prendre en défaut, c’est poursuivre l’œuvre de destruction entreprise contre elle depuis bien longtemps, en ignorant que c’est probablement le dernier lieu où des paroles de vérité et de miséricorde sur l’homme, sur sa nature, sont encore prononcées. Ceci étant dit, il ne s’agit pas de disculper des silences coupables, d’ignorance, de peur face aux conséquences prévisibles, face aussi à un monde sans pitié, mais simplement de les replacer dans leur contexte et surtout de susciter un examen de conscience vis-à-vis de la promotion médiatique et légale de tant de turpitudes depuis longtemps coutumières de notre humanité malade.

Dom Jean Pateau, Père Abbé de Notre-Dame de Fontgombault 
Extrait de « Fontgombault : la stabilité pour trouver Dieu »
LA NEF n°321 Janvier 2020

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