25 avril 2019

POUR UN CHRISTIANISME FLUIDE






Mentalement, j’étais un catholique prisonnier.
J’étais un catholique retenu. Autrement dit, bien élevé, bien dressé, tout en réserve, ou retenu par une main invisible mais impérieuse, posée sur mon épaule pour l’empêcher d’avancer en susurrant, à chaque instant : “Laïcité ! Diversité ! Vivrensemble !...” Une façon à peine sophistiquée de dire : “Taisez-vous !” Mentalement, j’étais un catholique prisonnier. » Dans cet essai qui mêle témoignage, méditation des Écritures et analyses socioculturelles, Jean-Pierre Denis, directeur de l’hebdomadaire La Vie, témoigne d’une libération : celle du carcan mental qui empêche tant de chrétiens de communiquer l’Évangile, c’est-à-dire « la vie qui se donne ». « Plus que jamais, écrit-il, une chose est sûre : sans notre témoignage, pas de transmission. La mort. » Il engage donc à un christianisme attestataire. Mais sans triomphalisme, dans la pauvreté, à l’écoute, sûr que le missionnaire est aussi l’évangélisé. L’auteur nous présente ainsi ce musulman, ce pasteur, ce franc-maçon, cette maman d’un enfant malade dont la rencontre a avivé sa foi... Il y a surtout cette question de son père sur son lit de mort : « Dis-moi, quel est le chemin ? » Le livre naît de cette interrogation et conduit l’auteur à ouvrir des voies pour aujourd’hui. « Dans une société liquide, il faut un christianisme non pas flottant, mais fluide,écrit-il, capable de se déplacer, de changer de point de vue, de circuler au milieu des radeaux pour porter secours. » Une jubilation traverse tout ce livre vibrant, celle du Regina Cæli, celle de la célèbre cantate de Bach au titre généralement mal traduit : « Que Jésus demeure ma joie », celle d’une libération.X.A.
Un catholique s’est échappé, Jean-Pierre Denis, Cerf, 18 €.
Rubrique actualités, essai présenté dans « Prier » avril 2019


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