5 avril 2019

NE PAS JUGER TROP VITE



Image by Nathalie Straseele


 « Ton frère que voilà mort est revenu à la vie. » Luc 15, 1-3

...  Car, quand on juge son frère, on risque souvent de se tromper. Dans la vie commune, le plus dur, c'est de tolérer l'autre. C'est un exercice de tous les jours ! Comment tolérer les manies de l'autre et tous ses tics ? C'est exactement le même défi dans la vie de famille. Je suis bien placé pour le savoir : nous étions quatre enfants à la maison... Une chose nous aide beaucoup au monastère, c'est le silence. En famille, on réagit souvent au quart de tour quand un proche nous dérange alors que, dans l'atmosphère monastique, on peut prendre un peu de recul. Poemen * conseille d'apprendre à « donner sa vie » pour les autres. Il ne s'agit pas d'être crucifié comme Jésus, mais de supporter au quotidien les petites blessures. Donner sa vie, ce n'est pas avoir de beaux sentiments envers les autres ! Il faut un effort de volonté pour ne pas juger. Un apophtegme raconte que des Anciens s'étaient réunis pour juger un Frère qui avait péché. Pior* gardait le silence. Soudain, il se leva et mit un gros sac de sable sur son dos et un autre, plus petit, devant lui. Il expliqua aux Frères que le gros sac correspondait à ses propres péchés qu'il cachait derrière le dos pour ne pas les voir. Et le petit, aux péchés du Frère que l'on était en train de juger. Quand un Frère me scandalise ­ souvent pour des petits riens ­, j'essaie de penser au sac à dos que je porte avec tous mes péchés. 
Je suis un homme, je suis faillible et je suis capable du pire. C'est très humiliant pour moi, mais cela me rapproche quand même de la vérité de notre situation. Il n'y a pas d'homme hors de l'humanité, si grave soit son péché, il n'y a pas de « monstre »... Nous sommes tous des pécheurs qui avons besoin de la miséricorde de Dieu. Abba Joseph, Père du désert, conclut en se demandant : « Qu'est-ce qui peut nous procurer du repos en ce monde ? » Il faut selon lui se poser la question : « Qui suis-je ? », et ne jamais juger. Quand je suis tenté de juger, ce conseil d'abba Joseph m'aide à me remettre à ma juste place. Je me regarde moi-même ­ et mon gros sac de sable ! ­ plutôt que de juger les autres.

* Pères du désert

Frère Charles
Quarante jours avec les Pères du désert


2 commentaires:

Dominique a dit…

Quelle belle leçon de vie nous offre ce père du désert. Ne pas s’agacer des travers d’autrui, qui subit également les nôtres. Ne pas le juger.
Merci de nous rappeler cette sagesse.

Kunz-Bagros Chantal a dit…

Oui, une sagesse parfois bien difficile à entendre.
Je vois cependant une différence entre juger et condamner. On est en droit de juger et même de condamner des actes répréhensibles sans pour autant juger et encore moins condamner la personne, puisque n‘étant jamais à sa place. Je pense ici à ce constat si souvent vérifié que „rien ne se sait, tout se dit.“ Cela donne à réfléchir.
Il reste encore et toujours à pardonner, seul moyen de se délester de son fardeau.
Merci à Dominique pour ce partage.