Y a-t-il de la place pour moi dans ton hôtellerie?
Une grave erreur s’est glissée bien souvent dans la mentalité du peuple chrétien, celle de croire qu’il peut être instrument de l’incarnation de Jésus-Christ dans la vie du monde tout en faisant l’économie de son exigeante et essentielle condition : être soi-même devenu présence vivante- si pauvre encore soit-elle- de cette incarnation.
C’est une loi de la vie : ne peut être présence transformante que celui qui est déjà transformé. Il s’agit d’être « levain dans la pâte », comme nous y appelle Jésus. Les circonstances de l’avènement du Dieu Vivant dans le monde sont donc très significatives des exigences inséparables de l’accomplissement de la promesse. Elles commandent notre propre participation à l’incarnation prolongée de Jésus-Christ destinée à travers nous à la transfiguration du monde.
Pas plus que dans la vie de Marie, cette royale promesse ne peut s’accomplir pour nous au sein d’une vie préoccupée de ses avoirs et confortablement installée dans ses habitudes. L’épisode de l’hôtellerie- incapable , parce que complète, d’accueillir l’enfant de Dieu- nous le rappelle efficacement. Si nous le prenons au sérieux, nous découvrons que Jésus nous pose , à travers lui, l’interrogation capitale : « y a-t-il de la place pour moi dans ton hôtellerie ? »
C’est ici que le symbole de la crèche se charge pour nous de signification. Loin de faire appel à une sensibilité quelque peu enfantine, la crèche évoquera jusqu’à la fin des temps ce lieu du cœur, pauvre de soi, disponible et ouvert, telle une capacité pleinement offerte à l’accueil et à l’envahissement de Celui qui Est l’Amour.
Ainsi l’irruption du Dieu Vivant ne peut avoir lieu que dans un être en marche, tendu vers des horizons intérieurs toujours plus vastes, pleinement offert au risque fou de cette grande aventure de la nouvelle alliance divine proposée à l’humanité à cette étape de son histoire.
Marguerite Hoppenot, fondatrice,
Le risque fou
in „Cette vie qui m‘est donnée“ 26 janvier 1967
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