17 novembre 2018

RICHESSE DES PERSONNES HANDICAPÉES



Philippe Pozzo di Borgoet Abdel Sellou


Un monde capable d'accueillir la richesse des personnes handicapées serait plein d'espérance. 


S'il faut trouver une clé dans cette espérance d'un monde meilleur, c'est ce basculement du moi vers l'autre. Un monde ressourcé capable d'accueillir et de se convertir à la richesse des personnes handicapées serait plein d'espérance. Bien loin de la tyrannie de notre société individualiste à la fois obsédée de performance et enfermée dans le carcan de la normalité.
Dans la fragilité, j'ai retrouvé les fondements de mon humanité. Cette fragilité exige la modération ; la finitude perçue nous fait revisiter nos priorités, la dépendance nous convertit à la simplicité.
Dans le handicap, j'occupe avec joie la pesanteur de l'instant et de l'espace présents; je suis enfin prêt à la rencontre avec l'autre, en vérité : il n'y a pas de place pour la rencontre dans le temps pressé. Je suis désarmé, l'autre est désarmé, la relation peut exister, résonance partagée de nos fragilités. Je considère avec bienveillance, déférence, indulgence et responsabilité son chemin de dignité qui s'exprime parfois au-delà des mots, dans une prière silencieuse. Quelle source de sagesse et d'enchantement, à l'image de la beauté de la Création !
Un monde capable d'accueillir la richesse des personnes handicapées serait plein d'espérance. Entre frères en fragilité, compagnons de vie, pèlerins de la vérité, on peut s'aider à avancer, à éclairer la route l'un avec l'autre, à trouver des solutions pour rendre ce monde meilleur et joyeux. Jean Vanier est un précurseur, un éclaireur, et il nous inspire. Ne le répétez pas... entre nous, nous le surnommons affectueusement « le Prophète » !
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De son accompagnateur, Abdel Sellou, il écrit : « Il est insupportable, vaniteux, orgueilleux, brutal, inconstant, humain. Sans lui, je serais mort de décomposition. Abdel m'a soigné sans discontinuité comme si j'étais un nourrisson. Attentif au moindre signe, présent pendant mes absences, il m'a délivré quand j'étais prisonnier, protégé quand j'étais faible. Il m'a fait rire quand je craquais. Il est mon diable gardien »
Philippe Pozzo di Borgo, tétraplégique 
« Les parfums d'une espérance »

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