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Ce qui manque, ce sont des pasteurs qui aiment leurs brebis.
C’est la crise ! La foule innombrable est en attente du salut, mais trop peu de pasteurs sont en mesure de le lui proposer. En lisant ces lignes, je pense à tous mes amis qui ne font plus confiance aux institutions religieuses et qui se trouvent perdus, errant sur les chemins d’une foi solitaire. Jésus constate le problème, mais ne le résout pas lui-même. Il demande aux disciples de prier Dieu pour qu’il intervienne. C’est à lui d’envoyer des ouvriers à la moisson, des pasteurs qui s’occupent des brebis, pour que la foule désemparée et abattue se trouve rassurée, encouragée, conduite.
Mais, dans le contexte de la Palestine au temps de Jésus, les pasteurs ne manquent pourtant pas : prêtres, scribes, pharisiens, guides de toute sorte sont omniprésents. À ce clergé qui s’est, d’une certaine manière, perpétué jusqu’à aujourd’hui, on pourra ajouter les gourous, leaders d’opinion de toute sorte et autres coaches de vie personnelle.
Le monde n’a finalement jamais manqué de guides qui enseignent ce qu’il faut faire ou penser. Si « les ouvriers sont peu nombreux », cela ne signifie donc pas qu’il manque de pasteurs, mais plutôt qu’il manque de pasteurs qualifiés. Hier comme aujourd’hui, les mauvais pasteurs sont à l’œuvre, aveugles guidant des aveugles* et pillards de toute sorte** qui, d’abus en négligence, finissent par faire fuir les brebis.
Souvent, nous prions pour les vocations. Jésus nous invite plutôt à demander des pasteurs selon son cœur. Bien que beaucoup soient déjà à l’œuvre, les bergers qui manquent à ce troupeau éparpillé, ce sont ceux qui aiment leurs brebis, qui vivent avec elles et non au-dessus, qui sont à leur écoute, qui connaissent leurs noms et leurs situations particulières, qui donnent leur vie pour qu’elles s’épanouissent fortes et libres. N’est-ce pas ainsi que ces brebis bien conduites auront un jour le désir de devenir pasteurs à leur tour, et que la crise pourra se résoudre ?
* Matthieu ch 15, v 14.
**Jean ch 10, v 10-13.
Méditation de Frère Jocelyn Dorvault, dominicain
Jésus et les foules sans berger
matthieu.retraitedanslaville.org*****
Pourquoi ces pasteurs fragiles, faillibles? Peut-être aussi pour que tout homme, toute femme puisse se reconnaître en eux. Puisse se sentir envoyé, lui aussi. Ni surhomme, ni parfait, l'apôtre, le disciple. Juste un homme, pris où il était, dans la banalité de son quotidien, derrière son comptoir, filet en main. Saisi au plus profond de lui, par une parole, un homme venu à lui. Envoyé au bout du monde, ou au coin de sa rue, sans bouger de chez lui parfois. Un homme aux mains vides. Un homme qui reçoit.
Commentaire par Audrey, internaute
sur Mt 10, 1-4
matthieu.retraitedanslaville.org
14 novembre 2018