Accepter la mort pour accueillir la vie
La consigne de Jésus est claire : « suis-moi ». Est-ce que cela ne suffit pas ? Pourquoi Jésus ajoute-t-il : « laisse les morts enterrer leurs morts » ? J’avoue que j’ai du mal à comprendre. Jésus empêcherait-il ses disciples d’accompagner leurs morts au cimetière ? Cela me paraît incompréhensible. Surtout, cela rejoint une expérience personnelle.
Ma famille a été frappée par deux décès rapprochés. Ces expériences douloureuses me donnent d’entendre cette phrase différemment aujourd’hui. Quand une personne décède, il n’y a pas qu’elle qui meure. Les relations avec ses proches meurent dans la forme qu’elles avaient dans cette vie sur la terre. Selon mon expérience actuelle, une part de nous-mêmes meurt avec le défunt que nous pleurons. Et nous devons accepter de laisser partir ce qui n’est plus pour laisser de nouveau jaillir la vie.
C’est ainsi que je définirais le chemin du deuil : accepter la mort pour accueillir la vie. Cela signifie admettre la mort de la personne aimée et d’une partie de soi. La vie renaît, celle vécue ensemble, mais intériorisée, et celle d'une certaine vitalité qui jaillit au fond de soi.
Jésus ne demande pas au disciple de ne pas enterrer son père. Il lui dit : « Dans cette épreuve du deuil, suis-moi, va vers plus de vie. Accepte qu’une part de toi-même meure en enterrant ton père, afin de pouvoir renaître à la vie. » Quand Jésus nous appelle à le suivre, c’est toujours pour un surcroît de vie : « Choisis donc la vie ! »
Sr Carine Michel, dominicaine
méditation sur Mt8, 19-22
matthieu.retraitedanslaville.com
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C'est au matin de Pâques que je pense en lisant ce verset, aux anges disant aux femmes au tombeau: "Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts?" (Lc 24,5). "Il n'est pas ici", disent-ils encore, ici : au tombeau. N'a-t-il pas déjà, ce verset, comme un parfum de résurrection? Un parfum de fleurs au jardin dans l'aube de Pâques, et non d'huiles pour l'embaumement. "Suis-moi," dit Jésus. Là où le tombeau n'a pas le dernier mot.
"Suis-moi", car il est en chemin, toujours. On ne peut cacher la Vie, l'enfermer comme on s'enfouit dans un terrier; on ne peut la circonscrire, la restreindre, pas même au confort d'un nid. "Pas d'endroit où reposer la tête", le Fils de l'homme? Jacob n'en avait pas non plus quand, quittant son père, fuyant son frère: "Il arriva d'aventure en un certain lieu [...]. Il prit une des pierres du lieu, la mit sous sa tête et dormit en ce lieu" (Gn28, 11-12). Où? Il ne sait pas, mais c'est bien là, qu'en songe, Dieu le rejoint, lui dit qu'il est avec lui et "le garder[a] partout où [il ira]" (v15). Une "maison de Dieu" pour Jacob, ce lieu. "En vérité, le Seigneur est en ce lieu et je ne le savais pas!" dit-il au réveil (v16). Il est en tout lieu, lieu sans carte ni nom, maison sans mur et ni toit. "Suis-moi"...
Extrait du commentaire par Audrey
sur la méditation ci-dessus
19 octobre 2018
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