« Enfants du Mékong » Asie Reportages no 196 |
Éduquer c'est ordonner un univers chaotique pour lui permettre de se développer.
Au commencement, il n'y avait rien. Rien de rien. Un beau matin, au milieu de tout ce rien, Dieu lance le grand chantier de la Création. Il dit simplement : « Que la lumière soit », et la lumière fut. Net, sobre, efficace. Dynamique, agissante, la parole de Dieu régit l'univers et lui donne vie. Qu'elle cesse, et il n'y aura plus rien, rien de rien.
Quand Dieu « dit », quand il « ordonne », cela recouvre deux réalités : Il commande et Il met en ordre. Non seulement les astres, la terre et la mer existent, mais ils sont à leur juste place. Tout, dans la Création originelle, est parfaitement ordonné, disposé selon la sagesse de Dieu pour servir son projet d'amour.
Que nous dit l'astrophysique ? Plus ou moins la même chose. Du commencement, on ne sait rien. Rien de rien. D'un événement que l'on cerne plus ou moins bien (le fameux « Big Bang ») émerge un grand chaos qui, peu à peu, prend forme. Au fil de leur prodigieuse expansion, les structures de l'univers s'ordonnent de manière extraordinairement précise jusqu'à créer les conditions de la vie agencement totalement improbable qui provoquait l'admiration « sans bornes » du grand Einstein. Sept jours ou 13,8 milliards d'années, peu importe pour Dieu, mille ans sont comme un jour (Ps 90). Si Bible et science n'ont pas la même unité de mesure, elles se rejoignent sur un point fondamental : de l'ordre naît la vie. Qu'il soit biblique ou scientifique, le récit de la Création nous livre, en parabole, l'histoire de chaque homme. Créé par Dieu avec tendresse et sagesse, chacun a sa place dans son grand projet d'amour, chacun est unique, indispensable, chacun est un monde à lui seul. Comme le cosmos auquel elle appartient, la personne humaine est un univers en constante expansion : de la première cellule qui se divise au bébé qui naîtra neuf mois plus tard, quelle prodigieuse croissance ! Et ce n'est qu'un début : l'enfant est un monde qui, en se déployant, se met en ordre. C'est aux parents, élevés à la dignité de « co-créateurs », qu'il revient d'accompagner cette croissance pour qu'émerge un homme, une femme capable de répondre au projet d'amour de Dieu.
Éduquer, finalement, c'est ordonner un univers chaotique pour lui permettre de se développer harmonieusement et dans toutes ses dimensions. Refuser d'éduquer, c'est refuser de coopérer à l'oeuvre de Dieu et livrer l'enfant au désordre et à la confusion. Lorsque l'on met un enfant au monde, on a donc la responsabilité de l'ordonner. On l'aide à trouver sa juste place dans la famille, dans la société. On lui apprend également à mettre ses sentiments, ses désirs, ses frustrations, ses idées, son nombril à leur juste place. On lui apprend à respecter les règles, à hiérarchiser les priorités, à respecter l'autorité.
Ordonner, enfin, c'est donner des ordres quand cela est nécessaire. La parole des parents commande, car elle a autorité pour le faire à bon escient, évidemment. Contrairement à celle de Dieu, elle n'est pas toujours suivie d'effets fulgurants ! Mais, de même que le monde ne s'est pas fait en un jour, un enfant ne se construit pas en un ou deux ans. Pour faire émerger un homme, pour l'ordonner, il faut une « tasse de science, un baril de prudence et un océan de patience », estimait saint François de Sales.
« Ordre et méthode »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire