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(...) „ Marche à ton pas, et tu vas aller très loin ! „ J'ai la conviction que tout le monde peut marcher ainsi. La dimension spirituelle de la marche est déjà là : elle pose chacun dans sa respiration, son souffle, son rythme propre.
Certains marchent par goût de la performance, équipés d'appareils pour compter les battements de leur cœur et mesurer leur vitesse. Pourquoi pas. La plupart, probablement, éprouvent en marchant une profonde régénération intérieure. Marcher un peu longuement conduit à faire place à son corps. Dans l'effort physique, le marcheur s'accorde avec son centre de gravité, dans un mouvement au rythme régulier. Alors sa pensée rationnelle s'estompe. Elle devient flottante, ouverte, comme son regard, qui ne se fixe pas durablement sur un point du paysage. Il pense à tout et à rien. Il a quitté ses vêtements de ville, il a quitté un « chez-soi » car il doit être plus léger pour aller à l'essentiel. Il s'est rendu disponible. Son être intérieur, détaché des impératifs régissant habituellement le quotidien, se repose. Il reprend contact avec les éléments du cosmos : le grand air, la pluie fine sur le visage, le bruit d'un ruisseau, le cri d'un oiseau, l'odeur de la végétation, de la terre.
Et quand on ne peut pas ou plus marcher... Je pense beaucoup à ceux qui ne peuvent pas marcher. Pour moi, la marche ne s'évalue pas au nombre de pas. (...) Dans la marche qui ressource intérieurement, la disposition d'esprit importe. (...) Le marcheur, au contraire du sportif, prend le temps. Il voit qu'il y a ici un pied de menthe, là un lis martagon. Il entend le clapotis d'un ruisseau. Sa façon de recevoir le lieu où il passe permet à son univers d'être doucement restauré. Cela n'est pas spontané dans notre société du rendement. Cela s'apprend. Il convient de « débrayer » de son quotidien.
(...) Tout marcheur, par la simple expérience du silence prolongé, est disposé à l'expérience intérieure.
La marche est image de la vie. La choisir, c'est une façon symbolique d'aborder sa vie dans ses dimensions profondes. (...) En marchant, l'espérance, la foi, le regard se ressourcent.
La Bible présente l'homme comme un nomade, mis en marche par la Parole créatrice. Une Parole qui est aussi bénédiction, et promesse qui l'oriente vers un avenir de surabondance. L'homme y est constamment invité à « marcher avec Dieu » : « Homme […], on t'a fait connaître ce qui est bien, ce que le Seigneur réclame de toi : rien d'autre que respecter le droit, aimer la fidélité, et t'appliquer à marcher avec ton Dieu », selon les mots du prophète Michée (Mi 6, 8). Au sujet de cette marche, la Bible dit également avec force combien la rencontre de Dieu réoriente la vie de celui qui la fait.
Christophe Chaland, essayiste,
Interview avec le P. Jacques Nieuviarts (extraits)
"Quand le cœur se met en marche"
pelerin.com., no 7075, 5 juillet 2018
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