23 juillet 2018

SOUFFRANCE ET RÉSILIENCE



Image PRIER août 2015


Ce n’est pas uniquement pendant une épreuve que l’on souffre. Certaines blessures marquent et sont longtemps douloureuses, empêchant de progresser harmonieusement. Heureusement, on peut les soigner et même en faire des lieux de fécondité.
Savoir d’où l’on vientqui l’on est, se sentir aimé, avoir confiance en soi, aimer et transmettre... Des capacités humaines qui peuvent être profondément blessées. (...)  Quand on a été blessé à une étape de la vie, on reste pour ainsi dire « scotché » à cette étape concernant le domaine où l’on a été blessé. 
Malgré leur passé difficile, de nombreuses personnes parviennent à avancer, même celles dont l’enfance, période de grande vulnérabilité, a été marquée par le malheur : perte des parents, maltraitance physique ou psychologique, sentiment de ne pas être aimé... Une fois adultes, ces personnes ayant effectué un processus de résilience – terme médiatisé en France grâce au neuropsychiatre Boris Cyrulnik – évoquent ce qui les a aidées à guérir de ces blessures. (…)
« On n’est pas résilient tout seul ». Au milieu de la souffrance, des personnes ont saisi la main de « tuteurs de résilience », qui ont été un repère solide pour elles tout en les respectant telles qu’elles étaient. Ces tuteurs de résilience ont pu être des parents, des grands-parents, le conjoint, une famille de substitution, ses enfants ou ses amis. (...) 
Ces « tuteurs » respectent le parcours de résilience et le « grand thérapeute qu’est le temps ». Elles évitent les « gentilles phrases qui font mal » telles que « Je me mets à ta place », « Tout ça, c’est du passé ; maintenant il faut oublier » ou encore « Il faut pardonner ». Par ailleurs, aux yeux de nombreux résilients, Dieu est un père aimant qui vient remplacer celui qui aurait dû jouer ce rôle. De fait, l’expérience de l’amour inconditionnel et immérité de Dieu peut aider à guérir les blessures affectives.
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Passer du « Pourquoi ? » – et du « Pourquoi moi ? » –, au « Pour quoi ? ». Plusieurs manières permettent de créer du sens à partir de la souffrance, ce qui ne signifie évidemment pas qu’on puisse trouver à celle-ci une justification ou une valeur intrinsèque ; elle est toujours un mal en soi. Toutefois, on peut mettre la souffrance en lien avec ce que le psychologue appelle « la quête de sagesse et de spiritualité ». On peut voir cela, en tant que chrétien, comme une occasion de choisir même dans l’épreuve l’amour et la miséricorde, à la suite du Christ. Les liens, les repères et le sens permettent à l’enfant blessé d’avancer, mais aussi à l’adulte éprouvé, que ce soit à cause de la mort d’un proche, d’une maladie, d’une séparation, de violences ou encore d’une perte. Être entouré, dans un environnement sécurisant, et donner du sens à l’épreuve aident à se reconstruire. Ce relèvement comporte plusieurs étapes, et demeure un processus de longue durée.
Selon les blessures, plusieurs processus de résilience sont possibles. Les personnes ayant été victimes ont besoin de se sentir reconnues comme telles par elles-mêmes et par autrui, ce qui n’implique pas de sortir du statut de victime, mais d’intégrer cette réalité dans une vision plus large de soi. Le travail de mémoire aide également à avancer, ce qui ne signifie pas effacer la page douloureuse, mais la tourner. (...)
Cependant, de la même façon que la prière ne suffit pas à guérir une maladie physique, elle ne peut remplacer un travail pour guérir des blessures psychiques – même si la psychothérapie n’est pas indispensable à toute personne blessée, cela dépendant aussi de la gravité des blessures. Enfin, le pardon contribue à tourner la page émotionnellement et surtout à grandir dans l’Amour. Pour qu’enfin, autant que cela est possible, les blessures soient cicatrisées. 

Extraits de l’article „Être heureux malgré ses blessures „ par Solange Pinilla 
Famille chrétienne 29/06/2018

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