17 juin 2020

DE LA «  SAINTE INDIFFÉRENCE « 







Une manière de se détacher provisoirement d’un choix 

Sainte indifférence. Le rapprochement des deux termes a de quoi surprendre. Comment l’indifférence, sentiment plutôt rare dans la littérature chrétienne qui exhorte davantage à la bienveillance et à la charité, peut-elle être sainte ? Chez saint Ignace de Loyola, l’indifférence n’est pas synonyme de désintérêt ni de mépris. Elle est une manière de se détacher, provisoirement, d’un choix A ou d’un choix B pour permettre à l’Esprit-Saint de souffler et de faire pencher la balance vers le côté qui est le mieux pour soi. 
L’acte d’oublier, de mettre de côté, durant quelques heures, ses préférences personnelles, ses ambitions, ses craintes, de ne pas s’attacher à une solution plutôt qu’à une autre, permet de laisser émerger la volonté de Dieu en soi.  Ignace savait que, en quelqu’un qui a complètement renoncé à ses volontés propres, le désir qui lui reste alors dans le cœur coïncide exactement avec la volonté de Dieu sur lui.
En se détachant des chemins qui, absolutisés, deviennent comme des buts, l’esprit pleinement obéissant devient libre. Et alors la volonté humaine peut véritablement adhérer et même s’identifier à la volonté divine.

Mathilde de Robien, journaliste
La sainte indifférence, ... pour faire un choix (extrait)

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Accepte ce que tu ne voudrais pas. Tu seras libre. Rien ne pourra t’entraver. 

La pandémie du Covid-19 peut être regardée comme un Kairos (en grec «  le moment favorable »), ce concept qui qualifie le moment de l’inflexion marquant un avant et un après.  
Le ciel sait toujours mieux que nous ce qui est bon pour nous. Tu crois que tu vas partir pour des  voyages lointains. Eh bien, tu vas rester chez toi. Tu crois qu’en restant chez toi, tu vas être statique. Eh bien, tu vas partir en voyage découvrir un temps et des espaces que tu ne soupçonnes pas. Tu veux aller vite. Accepte d’aller lentement. Tu veux avancer en ligne droite. Accepte de faire un détour. Accepte ce que tu ne voudrais pas. Tu seras libre. Rien ne pourra t’entraver. 

Bertrand Vergely, philosophe et professeur en khâgne.
La Vie, 28 mai 2020


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