Sur la route d‘amitié (Chant scout)
« Je n’aime pas le terme de vocation, nous confiait Marie Cénec, pasteure à Genève. Quel orgueil de se croire appelée par Dieu. Mais ce métier m’a choisie plus que je ne l’ai choisi ! Si on m’avait dit que je deviendrais pasteure, je ne l’aurais pas cru. Je ne l’avais jamais imaginé, j’y suis allée à reculons, mais c’était comme une exigence intérieure plus forte que moi. »
Saint Jean dit la même chose : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis » (15,16). C’est que nos choix sont aveugles ou infirmes, mais le Messie cogne à notre porte, à chaque porte, car il aime ce qu’il y a de disponible en nous à notre insu.
L’appel tient en quelques mots déterminants : « Je ne vous appelle plus serviteurs… je vous appelle amis. » (Jn15,15)
Passer de « serviteur » à « ami », c’est plus que changer de relation ou d’organisation. C’est changer de foi parce que c’est changer de Dieu, ou, plus exactement, de regard sur Dieu. Un Dieu qui court après nous dans les taillis et les ronces et si nous quittons la maison, il guette notre retour.
Le christianisme est d’abord et avant tout une amitié. Il raconte l’aventure d’un Dieu qui s’agenouille aux pieds de l’homme pour le mettre debout. Et pour être ami de ce Dieu-là, il ne suffit pas de mettre son profil sur Facebook. Elle n’est pas un coup de foudre, cette amitié-là, elle se bâtit lentement. Elle part d’une table et va vers une autre table où le pain est rompu « pour que vous soyez comblés de joie » (Jn 15,11).
Cette joie qui, à la différence du bonheur, parvient encore à nous rejoindre, même dans les ténèbres, Marie Cénec a voulu l’évoquer au soir du Vendredi Saint. Car, pour elle, l’enjeu est surtout de ne pas séparer mais de jeter des ponts : entre le Vendredi et le Dimanche, entre la mort et la vie, entre la douleur et la joie. Les deux sont en nous, dit-elle, nous n’avons pas le choix. Il nous appartient de tenir entre nos mains « la violence des ténèbres et la clarté de la joie ». Un double apprivoisement qu’elle exprime dans son poème « Le nectar de Pâques »où elle dit en finale :
« La vie est un bouquet d’ombre et de lumière
à apprivoiser avec l’âme d’une abeille
passant d’une fleur à l’autre,
faisant son miel de chaque heure de souffrance ou de joie »
à apprivoiser avec l’âme d’une abeille
passant d’une fleur à l’autre,
faisant son miel de chaque heure de souffrance ou de joie »
Gabriel Ringlet, écrivain, poète et théologien belge.
Extrait de „L‘âme d‘une abeille“
pelerin.com
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