La foi est un choix. Elle n’est surtout pas une discipline qui reviendrait à l’envisager comme un exercice fastidieux. Tout est question de choix : notre vie et la façon dont nous la menons, à qui nous la remettons... Mes choix, eux, se basent sur cinq mots. L’éducation d’abord, qui engendre l’espoir. Celui-ci engendre la foi, qui engendre l’amour et ce dernier nous mène à l’Éternité. La foi est aussi une acceptation, comme l’abandon exprimé dans la prière de Charles de Foucauld Mon père je m’abandonne à toi. Cela ne veut pas dire se laisser aller. Cet abandon est plutôt l’offrande généreuse à Dieu de ce que l’on est et de tout ce que l’on fait.
Lorsque j’ai perdu mon fils qui avait 20 ans, j’ai interrogé cette acceptation. Celle que l’on trouve dans le Notre Père : « Que ta volonté soit faite. » Quelle pouvait bien être sa volonté dans cette situation si douloureuse ? J’ai compris plus tard que dans notre foi chrétienne Dieu n’est pas un dictateur, mais qu’il nous montre un chemin. Cela n’efface pas les souffrances mais leur donne un sens. Une image qui illustre bien cette idée est la photo de Jean Paul II accrochée dans ma roulotte. Il est assis, voûté, très âgé, appuyé sur une croix en bois, face à l’autel, humblement. J’étais là quand elle a été prise : lors de la grave maladie de mon fils, en 1993, j’avais demandé à rencontrer le pape. J’avais un besoin fou de le voir, de lui parler. Je l’ai rencontré au Vatican lors d’une audience, aux côtés de milliers de personnes, puis en privé avec mon épouse Gipsy. Il a pris ses mains et nous a donné des mots de réconfort. Après cette audience, un sentiment de sérénité s’est emparé de moi.
Dieu, c’est nous, c’est l’être humain, chef-d’oeuvre de la nature. Cette perfection, il la doit à son Créateur. C’est pour cela que l’homme est fait pour se soumettre. Ce verbe est souvent mal interprété : il ne s’agit pas d’une soumission servile. Se soumettre, c’est se situer sous le Maître. C’est cela l’acceptation. Dieu ne m’impose rien mais il veut m’éduquer, me conduire à l’extérieur de moi-même pour me faire grandir, m’élever vers lui. L’instinct de l’homme – qui est naturellement dans le rapport de force – doit être éduqué à ce regard tourné vers Dieu et vers les autres.
Il y a beaucoup de souffrances sur la terre et dans la vie des hommes. Tout est dur, de la naissance à notre fin. Le sens de tout cela est dans l’acceptation qu’il y a quelque chose de plus grand qui nous dépasse. C’est là que nous avons toujours des efforts à faire, mais pas dans le sens d’exercer une discipline. La foi est plutôt un bâton de pèlerin sur lequel je m’appuie pour gravir les échelons de ma vie... Parfois, j’aimerais en avoir deux ! Ce sont les épreuves qui perpétuent ma foi. Je les franchis avec. C’est un cheminement continu. Quand vous pensez être arrivé au bout d’un tour, vous vous apercevez qu’il faut recommencer.
Alexis Gruss, directeur du cirque Gruss
Extrait de la rubrique „Transmission“
LA VIE, Les Essentiels. février 2018
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