(...) Dieu nous a donné des commandements – comme les fameux « Dix commandements ».
Il est utile de remarquer que, dans cette page célèbre, Dieu commence par se présenter : « Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage. » Avant d’être le Dieu qui commande, il est le Dieu qui libère.
Il ne lance pas ses commandements à la cantonade, à n’importe qui : il s’adresse au peuple qu’il vient de faire sortir de l’esclavage. Cela donne le sens de ces commandements : nous maintenir dans cette liberté et nous éviter une servitude bien plus impitoyable que l’esclavage de Pharaon – celle du péché. Tous les pécheurs voient de quoi je parle : trop souvent, l’habitude, la colère, mon envie du moment, me font agir autrement que je le voudrais. Personne ne me contraint, et pourtant je ne fais pas ce que je veux profondément. Il n’est pas si facile d’être libre.
Dieu refuse aussi bien de s’en laver les mains, sous prétexte de respecter notre liberté, que de vouloir à notre place. Il choisit de nous aider à être nous-mêmes, à le vouloir vraiment. Retrouver la ressemblance avec le Dieu du Sinaï, c’est, dans mon couple, ma famille, mes amitiés, ma communauté, dans la société, me faire le gardien de la liberté de l’autre, du mystère de l’autre, du mystère qu’est l’autre.
Frère Adrien Candiard, dominicain
Extrait de méditation sur Exode 20, 1-2
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[Seigneur], es-tu, dans ma vie, l’Esprit de la liberté ou l’Esprit des lois ? Ou bien, es-tu l’un et l’autre à la fois ? Ou encore : es-tu le Dieu de la liberté par le moyen de la loi ? Tes lois, celles que tu nous as imposées toi-même, ne sont pas des chaînes : j’admets volontiers que ce sont des préceptes de liberté. Simples, clairs, inexorables, ces préceptes me maintiennent dans la liberté, en m’évitant de sombrer dans ma propre étroitesse, dans mes petites joies misérables et lâches. Ils suscitent en moi l’amour libre pour toi. Ils sont vérité, car ils m’ordonnent de placer au sommet ce qui doit être au sommet et de ne pas élever sur l’autel de ma propre vie ce qui n’est que bassesse. Et parce qu’ils sont vérité, ils procurent la liberté, ces commandements que tu as établis même dans la Nouvelle Alliance – ou auxquels tu as renoncé, en somme, puisque tu as aboli l’ancienne Loi, lorsque le Christ nous a libérés pour que nous restions libres (Ga 5, 1), et pour que seule demeure la loi de liberté (Jn 2, 12). Si pesants qu’ils puissent paraître, tes commandements nous libèrent.
Karl Rahner († 1984), jésuite, théologien
Magnificat 04/03/2018

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