8 mars 2018

REJOINTS DANS NOS ABÎMES







Il m’a relevée, il m’a fait renaître. Le Vivant est descendu aux racines de mon être. Là où personne ne pouvait aller, en ce lieu profond il m’a rencontrée. J’avais perdu les clefs de ma vie, comment user de ma liberté ? J’étais née, j’avais grandi, marché sous le soleil, puis l’orage et la pluie. Nuit. Un silence sur ma vie. Sortir, questionner le monde, rassembler les âges et les années, interroger la science, les mages et les sorciers… (...) Être brûlée du désir de la vérité, et parfois mourir de ne pas trouver…
Silence… Puis là, derrière mon mur, une présence. Un prêtre prononce sur moi le nom inconnu de Jésus. Les cieux se déchirent, ma tête se relève, la grâce m’enivre, je me retrouve à terre. Mes larmes dans la poussière. Jésus me libérant de l’enfer. L’abîme de ma soif rencontre l’abîme de sa passion. 
Chanter pour mes frères. Ceux qui sont dans les épines, les fers, les rues, la glace. Solidaire du péché et de la grâce. Dans l’abîme comme dans la gloire, le louer, ne jamais perdre espoir. Dieu plus fort que la mort.

Camille
Fraternité de la Résurrection de Lazare, Béthanie

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C’est rempli de la force d’en-haut, habité par cet amour infini, que Jésus nous rejoint là où nous sommes.
Il nous rejoint dans nos épreuves, là où nous peinons sur le chemin parfois douloureux de nos existences. Il s’approche de chacun parce que nous avons faim ; il se fait l’un de nous parce que nous avons soif. Il ne  veut pas que nous soyons privés de cette plénitude de vie que nous désirons.
C’est pour cela qu’il part au désert, non pas dans un salon confortable, mais bien au désert, là où je suis fatigué, là où je suis épuisé, là où je désespère.
L’Esprit ne conduit pas Jésus vers les palais des rois. Il ne le pousse pas à se réfugier dans une station balnéaire pour profiter de la vie.
Non, il lui suggère de s’approcher des hommes qui cherchent, de ceux qui sont inquiets et qui sont tristes.
Jésus n’est pas resté dans sa chapelle pour se protéger du monde. Il est descendu tant qu’il fallait, pour chercher celui qui était perdu.
Il est descendu dans la nuit pour faire resplendir la lumière de la charité. Il est sorti humblement pour affronter le mal, pour nous délivrer du mal.
Il n’a pas fui devant la tentation, il n’a pas eu peur de souffrir par amour. Il est venu à nous pour nous donner la vie et la vie en abondance.
Aujourd’hui, bénissons le Christ pour son courage, pour la peine qu’il a endurée, pour cette descente aux enfers qui nous ouvre le ciel. Là où je souffrais de la faim, là où je souffrais de la soif, là où je peinais de ne pouvoir aimer, le Christ est venu. Il s’est approché de moi, il m’a pris par la main, il m’a porté sur ses épaules pour me rendre à la vie. Là où mon cri s’est fait entendre, il m’a fait entendre sa voix :
Viens, sors de la nuit, ne reste pas seul, que ton âme s’élance de nouveau vers la joie.
Ne crains pas, je suis ton Dieu, ton créateur, en toi je mets tout mon amour

Homélie du Père Alexis Leproux, Paris
18/02/2018


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