Platon, "la République" |
Tout le monde connaît l'allégorie de la caverne de Platon. On y est, on croit que le réel est ce qu'on a sous les yeux, ce qu'on entend. Il faut se retourner. Une chaîne se brise Ce n'est pas simplement l'impression que notre vie peut être fausse, mais le soupçon qu'on manque à quelqu'un.
Vient ensuite une deuxième conversion, spirituelle. Chez Platon, cela implique de se retourner vers le soleil, puis de revenir dans la caverne. Dans le christianisme, cela ne finit pas avec la contemplation du soleil mais par la rencontre avec Quelqu'un, qu'il faut toujours chercher.
La conversion est un thème actuel, car éternel. Nos contemporains sont très sensibles à la beauté. Toute beauté nous dit « Tu dois changer ta vie et la donner à l'essentiel ». Donner sa vie en disant « Je crois à la vérité », ça, c'est actuel, même si c'est rare et encore plus surprenant à une époque de tolérance molle et relativiste.
L'irréligion tranquille dans laquelle nous vivons favorise-t-elle la conversion? Ou plutôt la freine-t-elle? On assiste à des conversions à l'islam ou au retour des chrétiens à un christianisme plus explicitement vécu. On voit bien les limites d'une société qui propose des lambeaux de vérité qui ne forment jamais un habit qui nous équipe pour vivre. Face à un monde dont le seul horizon est la consommation, je pense qu'il peut y avoir quelque chose d'un appétit de conversion.
Aimer quelqu'un, c'est savoir qu'il existe, même si on ne l'a pas dans nos bras. C'est accepter qu'il ait son existence propre.
Je crois que la conversion est de l'ordre de l'intime et implique une certaine pudeur.
L'expérience première réside dans ces phrases : « Je t'aime » et « La vie t'est donnée ». On n'a plus qu'à se mettre à genoux pour recevoir. C'est un événement, quelque chose qui survient et dont on a ensuite toute une vie pour déployer le sens. La conversion est une déprise de la raison soupçonneuse, de la raison raisonneuse. La raison se met à se recevoir de beaucoup plus loin qu'elle, elle devient raison élucidatrice, raison émerveillée, raison qui tisse des liens.
Martin Steffens, philosophe
Entretien « Se convertir, c’est comprendre que l’on manque à quelqu’un » (extrait)
famillechretienne.fr 03/03/2018
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