3 août 2017

C’EST DIEU QUI CROIT D’ABORD EN L’HOMME




La foi est une grâce, elle est un appel de Dieu, mais elle n’est pas irrationnelle. Et, même quand elle ne raisonne pas, la foi a ses raisons, car dans la foi, c’est Dieu qui croit d’abord en l’homme. La foi est un appel qui s’adresse à l’intelligence et à la volonté de l’homme. Elle n’est pas une simple opinion, elle suppose une conviction dûment réfléchie, elle est un engagement délibéré dans un certain style de vie. (...) Fondamentalement, si l’Evangile  nous demande d’avoir une foi simple, il ne nous demande pas simplement d’avoir la foi, il nous demande de faire très attention à la manière dont nous vivons cette foi. Souvent, quand on interroge les hommes et les femmes qui se réclament du Christ sur ce que signifie pour eux être chrétiens, ils ne savent pas toujours quoi répondre.  Certains sont souvent même tentés de répondre: «  Oui, je suis chrétien comme ça ! » - Comment chrétien comme ça ? – « On m’a baptisé, et je porte un nom de Blanc… ». Mais, comme on le voit, le chrétien doit éviter d’être un « chrétien comme ça ». Au fond, il doit pouvoir rendre compte de ses raisons de croire et  de ses raisons d’être chrétien. 
L’intelligence sert à comprendre, à expliquer, à asseoir sa foi, à la rendre plus forte. Elle permet, selon les mots de l’Apôtre Pierre, de « rendre compte de l’espérance qui est en nous » (1P 3, 15). Pour Saint Augustin, tout homme veut comprendre et s’il faut comprendre pour croire, il faut aussi croire pour comprendre, car, comme dit le prophète Isaïe, «  si vous ne croyez pas, vous ne comprendrez pas » (Is 7, 9). On saisit alors, la pertinence des propos du pape Jean-Paul II quand il écrit dans son Encyclique Foi et raison : « La foi et la raison sont comme les deux ailes qui permettent à l’esprit humain de s’élever vers la contemplation de la vérité. C’est Dieu qui a mis au cœur de l’homme le désir de connaître la vérité et, au terme, de Le connaître lui-même afin que, Le connaissant et L’aimant, il puisse atteindre la pleine vérité sur lui-même ».

P. Jean-Paul Sagadou, assomptionniste, 2012, 
Extrait de „L'intelligence sert-elle la foi?“
article paru dans le quotidien burkinabè l’Observateur Paalga

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Pour le Père Thierry Magnin* il serait bon de béatifier Blaise Pascal, pour deux raisons essentiellement. D’abord parce qu’il est un exemple magnifique de conversion intime, profonde, à Jésus-Christ. Lorsqu’il fait son expérience dite du «Mémorial», dans la nuit du 23 novembre 1654, à l’âge de 31 ans, il prend conscience d’être habité par l’infini de l’amour de Dieu (Christ Agapé) qui se révèle dans tout son être, et pas seulement dans sa raison. «Feu. Certitude. Sentiment. Joie. Paix. Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob, non des philosophes et des savants. Dieu de Jésus-Christ. Il ne se trouve que parmi les voies enseignées dans l’Évangile. Grandeur de l’âme humaine. Joie, joie, joie, pleurs de joie», écrit-il dans ce texte que l’on a trouvé cousu dans son habit après sa mort.
Pascal fait l’expérience de sa pauvreté fondamentale, biblique. Ce vide intérieur qui le rongeait lui faisait dire : «Je sais que je suis mais je ne sais pas qui je suis.» Une pauvreté qui oblige l’homme au lâcher-prise et qui, du coup, lui permet de naître à lui-même et à se constituer comme sujet. À la suite de cette expérience de débordement d’amour divin, Pascal va consacrer de son temps aux pauvres, aux malades. Et il va clairement identifier que la vérité hors de la charité n’est pas Dieu.
L’autre raison pour laquelle Blaise Pascal mérite d’être béatifié est parce qu’au cœur de son travail scientifique et intellectuel, il montre le lien existentiel entre la raison et la foi. À l’époque de Galilée, il fut l’un des rares scientifiques chrétiens à n’être pas tombé dans l’anathème contre Galilée mais à se laisser au contraire interroger. «L’homme n’est plus la mesure de toute chose», écrit-il. Lui qui était à la fois physicien, mathématicien, philosophe croyant et polémiste, était tiraillé entre la raison seule à l’instar de Descartes et le moi développé par Montaigne.

*Père Thierry Magnin, recteur de l’université catholique de Lyon (Ucly), docteur en sciences physiques et en théologie 
La Croix 12 juillet 2017.

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