8 juin 2017

L' ESPRIT D'AMOUR


Tabernacle

La Pentecôte ce n'est pas une fois dans une vie ou une fois par an... La Pentecôte, c'est tout les jours.
Quand nous disons que Dieu est Esprit, nous signifions, entre autres, qu'il nous échappe dès que nous voulons le saisir. Personne ne peut dire: j'ai le Saint-Esprit. On ne le possède pas, il vient sans cesse à nous, toujours nouveau. En un sens, la Pentecôte est permanente avec, bien sûr, la possibilité pour nous de lui fermer nos portes. Il vient d'ailleurs et nous conduit ailleurs. (...)
Nous ne sommes jamais seuls : là où nous sommes, là se trouve Dieu. Mais alors, que signifie la Pentecôte, si le souffle de Dieu est déjà en nous dès le départ? (...) Certes, nous avons commencé ce commentaire en disant que l'Esprit vient à nous en permanence, toujours nouveau ; et cela signifie que notre création se poursuit sans cesse, qu'elle nous est contemporaine. Qu'arrive-t-il donc de nouveau avec cette venue de l'Esprit dont parle le Nouveau Testament? Justement la mise au monde d'un homme nouveau, d'une nouvelle humanité. C'est comme si l'Esprit de Dieu, qui nous fait vivre dès que vie il y a, n'avait pu trouver en nous l'accueil total de notre liberté. 
Ce que nous appelons «péché originel» peut correspondre à une sorte de réflexe de défense spontané qui nous visite dès que la conscience humaine s'éveille : peur de la vie, peur de l'autre que même les parents doivent aider l'enfant à surmonter à leur égard. La peur se pourvoit d'armes et c'est pourquoi l'Écriture fait commencer l'histoire de l'humanité par un meurtre. On le sait, cette hostilité mortelle des frères ennemis va courir tout au long du récit biblique : Jacob et Esaü, Joseph et ses frères, David et Saül et, finalement, le juif et le païen dont l'hostilité va cristalliser et figurer toute la violence humaine. Et voici qu'avec le Christ advient un homme qui va refuser de répondre à la violence par un recours à une seconde violence, qui va se soumettre à la volonté meurtrière des hommes. Avec lui, toute violence se trouve donc démentie : violence prédatrice, violence punitive, violence dominatrice, etc. Avec lui l'Esprit est accueilli dans le monde dans sa totalité et nous apprenons que cet Esprit, qui nous faisait déjà vivants, est Amour. Fin de la peur meurtrière! Du coup, l'humanité devient apte à constituer un corps unique en lequel nos différences se conjuguent au lieu de nous opposer. À nous d'accueillir en notre liberté les suggestions unificatrices de l'Esprit d'amour.

P. Marcel Domergue, jésuite (1922-2015)
Extrait d'une homélie de Pentecôte 
croire.com

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