6 juin 2017

ACCUEILLIR LE TEMPS DE DIEU


hozana.org

Dieu, par son retrait, nous convie chaque jour à vivre pleinement le présent. La liberté ne consiste pas à vouloir que ce qui arrive survienne selon nos désirs, mais tout au contraire à consentir à la nécessité, c’est-à-dire à accueillir le temps de Dieu dans notre vie. C’est cela qui nous permet de donner à nos rencontres un goût d’éternité. « Moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ». Le temps qui passe est donc aussi celui de Dieu. En ce sens, nos errances, nos échecs et lenteurs, sont autant de lieux de maturation, où Dieu est présent malgré notre sentiment d’absence.
Dès lors, si nous regardons le temps avec les yeux de Dieu, vivre le présent consistera à accueillir chaque jour le temps pour ce qu’il est, sans vouloir le posséder. Finalement, vivre, c’est apprendre à mourir et —comme le Christ— à se retirer, à lâcher prise, à s’effacer. Car, malgré nos sentiments d’abandon, Dieu vient. Tous les jours. Il vient lorsqu’un acte de soin et de bienveillance est posé, lorsqu’une parole qui relève est donnée, lorsqu’un geste de consolation est offert. Vraiment, il est avec nous, tous les jours, que Dieu soit nommé ou pas, que nous y croyions ou non ! S’il est avec nous tous les jours, c’est qu’il n’est peut-être pas toujours là où nous le cherchons…
(...) Il s’agit de changer son regard sur la vie et sur le temps qui passe. Parfois, nous préférons prendre du recul, des vacances, fuir le réel plutôt que de nous y confronter lucidement. Il s’agit de poser sur notre propre situation des yeux qui ne sont pas les nôtres ; c'est regarder sa vie avec les yeux de Dieu. Discerner l’essentiel, au-delà de l’urgence. C’est éviter de vouloir tout maîtriser. C’est oser « lâcher prise », ne pas être dans le contrôle. C’est aimer, sans dévorer. C’est tenir à quelqu’un, sans le posséder. C’est être épris de l’autre, sans s’y agripper. "Prendre de la hauteur" —aller sur sa propre montagne— c’est donc finalement découvrir le paradoxe de toute relation d’amour vécue en vérité. Et ce paradoxe le voici : plus nous aimons un être cher, plus nous nous sentons liés, dépendants de lui. Mais plus nous voulons aimer, plus il nous faut donner du temps et de la patience, de la distance. Car aimer, c’est vouloir l’autre libre d’être lui-même, indépendant de nous. C’est cela aimer. L’Ascension est donc cette ultime révélation de l’amour d’un Dieu qui se soustrait à nos regards, pour se rendre éternellement présent dans le temps de l’humain. Et c’est précisément cet effacement de Dieu, sa discrétion et son retrait qui le rend crédible, digne de confiance.

Fr. Didier Croonenberghs
Extrait de l'homélie de l'Ascension 2017
Lobbes (Belgique)

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"On ne fera plus de mal ni de violence sur toute ma montagne sainte, car le pays sera rempli de la connaissance de Yahvé, comme les eaux couvrent le fond de la mer," dit Isaïe. La connaissance de Yahvé  est dite don de l'Esprit. Ne repose-t-il pas déjà sur Noé qui "marchait avec Dieu", cet Esprit? Cette paix, son nom même ne la prophétise-t-elle pas, lui qui signifie repos ou consolation? Alors que la Création est toute jeune, Noé est déjà 'neo', homme nouveau, apportant consolation, un mot intimement lié à l'Esprit, le "consolateur". (...) La consolation vient par un homme né sur cette terre, qui connaît Dieu, et marche à son pas. 
"[D]ans notre travail et le labeur de nos mains" (Gn 5, 29), c'est ainsi que Noé apportera consolation. (...) La connaissance du bien et du mal est fruit qui mûrit à marcher avec Dieu. Et Noé marche. Noé obéit à Dieu. Il n'a encore rien dit mais ses mains parlent pour lui. "Noé agit ainsi: tout ce que Dieu lui avait commandé, il le fit." (Gn 6, 22). Dieu et sa créature unis dans le même dessein. L'alliance promise déjà se vit.

Extrait de la méditation sur l''arche de Noé Gn 6, 12-20
par Audrey, internaute


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