29 juin 2017

ABRAHAM, POURQUOI AS-TU TOUT QUITTÉ?




Père Abraham, pourquoi as-tu tout quitté ? Pourquoi es-tu parti, dans ta vieillesse, vers cette terre étrangère ? Pourquoi répondre à ce Dieu inconnu qui t’appelait ? En quoi cette promesse est-elle différente des promesses qui nous sont faites aujourd’hui ? Tu sais, encore aujourd’hui, on nous promet sur tous nos écrans bonheur familial, propriété d’une terre. 
Rien de nouveau en somme. Et bien souvent, nous sommes déçus, car la vie emporte tout : les familles se déchirent, les difficultés économiques se font plus grandes et l’amertume d’avoir été trompés vient hanter nos cœurs. 
Pourquoi as-tu obéi ? Comment as-tu pu savoir que cette route inconnue était la bonne ? Père Abraham, d’où t’est venue cette foi, cette espérance, cette vision obscure de tous ces biens à venir ?
Dis-moi… 
Serait-ce parce que tu as compris, au plus secret de ton âme, que Dieu a fait toutes choses et que ce monde est soutenu par Dieu et promis à la vie ? Serait-ce parce que tu as reçu ce don gratuit de la foi, de la part de Dieu, pour guider ta vie et te conduire jusqu’à la terre promise ? Père Abraham, fais grandir ma foi. Éclaire-moi dans cette nuit où je cherche ma route, aide-moi à marcher vers la terre promise que Dieu promet à chacun de nous. Je suis prêt à être étranger dans ce nouveau monde que Dieu me donne, je sais les difficultés qui m’attendent, mais je vois aussi, au-delà des épreuves que Dieu me promet, une multitude de frères et de sœurs qui sont héritiers de la même promesse. 

Frère Olivier Catel, dominicain
"Prière à Abraham" Hébreux 11, 8

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Etranger... On peut être étranger dans sa propre famille. Au milieu de ceux qui font notre vie, notre travail, notre entourage. En décalage. Marcheurs depuis toujours. En quête, en attente, sans savoir de quoi. Chercheurs bien incapables de dire de quoi. Etrangers car étranges aux yeux de qui la route est claire, étranges à nos propres yeux à réaliser que ce que le monde nous vend sur l'écran, n'est pas ce que nous voulons, au plus profond. Spectateurs de cet étonnant éphémère. Vagabonds sur notre propre terre.
On peut aussi se sentir une parenté soudaine avec cet autre qui croise ma route. Un peu paumé, un peu cabossé, mais en chemin. Il est sien, à des années-lumière parfois du mien, et pourtant, inexplicablement, ils sont un. Et puis un jour tout fait sens. Un jour, mais il suffit parfois d'un instant. Cette quête a un nom, le chemin est quelqu'un, la terre promise se reçoit. Elle est en soi. Sait-on alors où l'on va? Non, mais la confiance s'apprend, s'y vit, à chaque pas. Aride, difficile, d'aucuns diraient stérile, cette terre promise. Et pourtant pas. La route se peuple de frères, Melkisédeq nous offrant les fruits bénis de cette terre. Et l'on sait alors que la vie est là, que la vie jaillira, qu'elle fructifiera, qu'elle se donnera. 

Méditation par Audrey
sur „La foi d’Abraham“ 

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