9 avril 2017

L' ÂNNESSE DE JÉRUSALEM






L’enthousiasme d’une foule, c’est extraordinaire, cela s’enflamme tout d’un coup, c’est comme un raz de marée, ça emporte tout… mais c’est versatile. Aujourd’hui c’est « vive Jésus » : Hosanna au plus haut des cieux, Hosanna c‘est-à-dire : Secours-nous ! Plus qu’une louange, hosanna c’est un appel au secours, mais demain ce sera : crucifie, crucifie-le ! C’est pourtant la même foule, une foule versatile, une foule déçue, parce qu‘elle n‘a rien compris. Et cette foule c’est mon âme, ma psyché ! Elle monte vite, elle descend encore plus vite. Elle change tout le temps, ne prend pas le temps de s’arrêter pour comprendre, c’est mon âme, c’est moi !
Jésus lui ne change pas, Il est le même hier, aujourd’hui, demain. (...) Prendrai-je mon ego comme roi ou utiliserai-je mon esprit pour entendre comment et où Dieu veut me guider ?
Dieu essaye encore, une fois de plus, de suggérer autre chose à la foule, de suggérer autre chose à mon âme. Aussi n’arrive-t-Il pas à Jérusalem sur un char ou sur un cheval comme César rentrant à Rome pour son triomphe ! Il ne veut pas qu’il y ait confusion. En pédagogue, Il essaie encore une fois de m’emmener sur un autre chemin. (...) Le libérateur arrive sur un ânon et non sur un cheval. Son combat n’est pas celui d’un guerrier mais celui de l’écouteur. Son message est un message de douceur, de paix, d’humilité, de confiance, d‘écoute. Combien de fois n’a-t-il-pas essayé avec mon âme ? Combien de fois ne lui a-t-il pas suggéré de ne pas prendre pour roi mon ego, mais mon esprit, celui qui est porteur du divin, porteur du Verbe divin, de Jésus.
C’est Lui, s’il est sur l’ânon qu’est mon esprit, qui va me libérer des romains que sont toutes ces passions qui m’encombrent, de ce multiple effroyable, de ce brouhaha qui obscurcit mon cœur. 

Père Pascal, prêtre orthodoxe
Extrait de la lettre de Béthanie 141
seraphim-marc-elie.fr

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J'avance, comme l'âne de Jérusalem
dont le Messie, un jour des Rameaux, fit une monture royale et pacifique.
Je ne sais pas grand'chose, mais je sais que je porte le Christ sur mon dos
et j'en suis plus fier que d'être bourguignon ou basque.
Je le porte, mais c'est lui qui me mène :
je sais qu'il me conduit vers son Royaume et j'ai confiance en lui.

J'avance à mon rythme par des chemins escarpés,
loin de ces autoroutes où la vitesse vous empêche de reconnaître monture et cavalier.
Quand je bute contre une pierre, mon Maître doit être bien cahoté, mais il ne me reproche rien.
C'est merveilleux comme il est bon et patient avec moi :
il me laisse le temps de saluer la ravissante ânesse de Balaam,
de rêver devant un champ de lavande,
d'oublier même que je le porte.

J'avance, en silence. C'est fou comme on se comprend sans parler;
d'ailleurs, je n'entends pas trop quand il me souffle des mots à l'oreille.
La seule parole de lui que j'ai comprise semblait être pour moi tout seul 
et je puis témoigner de sa vérité : '' Mon joug est facile à porter et mon fardeau léger.'' (Mat. 11,30).
C'est comme, foi d'animal, quand je portais allègrement sa mère vers Bethléem, un soir de Noël. Jules Supervielle, le poète ami des ânes, l'a bien deviné :
'' Elle pesait peu, n'étant occupée que de l'avenir en elle''.

J'avance, dans la joie.
Quand je veux chanter ses louanges, je fais un boucan de tous les diables, je chante faux.
Lui, alors, il rit de bon coeur, d'un rire qui transforme les ornières en piste de danse
et mes sabots en sandales de vent.
Ces jours-là, je vous jure, on en fait du chemin !
J'avance, j'avance comme un âne
qui porte le Christ sur son dos.

Cardinal Etchegaray, ancien archevêque de Marseille
"J'avance, comme un âne"
marche.retraitedanslaville.org 27/01/2017

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