31 mars 2017

ÉPIPHANIE FRAGILE DU RÉEL



By Elanor Flamel


Les mystiques et les poètes sont les interprètes imparfaits d’une présence qu’ils révèlent comme une empreinte cachée, des fragments de lumière discrète. Ils nous permettent de capter, par bribes, la lumière du ciel, le royaume promis dont notre vie ici-bas est comme le prélude. Les mots sont comme des torches qui éclairent notre humble quotidien. Ils nous aident à contempler et à entrer en communion avec cette vie que nous percevons mais que ne voyons pas encore clairement
(...) «Le poète n’est qu’un vitrail offert, une petite épiphanie fragile, ténue, du réel. En tant que poète, je tente de faire une métaphore voilée de la Présence». (Gilles Baudry, moine bénédictin à Landévennec, Finistère). Le prêtre et écrivain Gabriel Ringlet parle de « l’audace de l’existence» du moine qui a choisi «d’explorer radicalement l’effacement de Dieu dans le monde». Ce «Dieu présent-absent», qui vit au «cœur des êtres et des choses les plus humbles de la vie» et dont «on ne peut littéralement rien dire». Tenter d’exprimer, avec notre langage pauvre et limité, ce «rien de Dieu», c’est vraiment le rôle indispensable du poète dans notre monde. 
Es-tu là Seigneur quand on t’appelle? Où te caches-tu quand tout va mal ? Ton silence est assourdissant. Pour t'entendre, je tends l'oreille. Pour te voir, je ferme les yeux. Alors oui, tu es bien là et je ne te voyais pas.

François-Xavier Maigre, rédacteur en chef de Panorama. 
« Les mystiques et les poètes font percevoir l’invisible »
Extrait des "Cahiers Croire", n° 305, mai 2016

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