10 septembre 2016

L'ÉGLISE D'AUJOURD'HUI


Association caritative "La Maison de Marthe et Marie"

Vous connaissez le proverbe « Un arbre qui tombe fait plus de bruit que cent arbres qui poussent ». Nous sommes tentés de voir d’abord ce qui ne va pas. En l’occurrence, le nombre des pratiquants qui a considérablement chuté en cinquante ans ; et, de manière concomitante, la baisse du nombre de baptêmes, de mariages, d’ordinations.
Dans le même temps, des semences ont germé : la place de la parole de Dieu dans la vie spirituelle des chrétiens, l’engagement des fidèles laïcs dans l’évangélisation du monde. (...) 
Au lieu de condamner le monde, [il faut] discerner ce qui, en lui, est non seulement une aspiration à l’Évangile mais également l’Évangile déjà en œuvre, l’Évangile déjà réalisé, un Évangile déjà présent dans le cœur de l’homme sans qu’il le sache, une appartenance silencieuse au royaume de Dieu qui ne passe pas par la médiation visible de l’Église.
Il est vrai qu’il y a, dans le cœur de tout homme, une attente de Dieu, comme l’écrivait la philosophe Simone Weil, une aspiration à la vérité de l’Évangile tout simplement parce que l’Évangile est l’ultime réponse aux questions de l’esprit humain. Il y a aussi, dans tout homme, une image de Dieu jamais totalement défigurée et une capacité d’aimer qu’il faut reconnaître et valoriser. Il me semble que cette reconnaissance, ce regard sur le monde porté en particulier par l’Action catholique et les prêtres ouvriers est un acquis qu’il ne faut pas perdre. Il nous aide à toujours garder notre espérance.
(...) À l’heure actuelle, le message de l’Évangile n’est plus véhiculé par la culture ou les structures sociales. On ne peut plus penser que l’Évangile va se répandre comme de lui-même. Il n’y a qu’à constater le désengagement vis-à-vis du mariage, le retour des formes de paganisme avec l’astrologie et la voyance, les changements culturels induits par Internet chez les jeunes. Nous sommes face à une fracture anthropologique. On n’a plus le même regard sur la personne humaine et sur le sens de son existence, de son accomplissement. Là où l’Évangile dit don, communion, appel, grâce reçue, la culture actuelle répond protection des droits, libertés individuelles, indépendance et autosuffisance.
Voilà pourquoi un approfondissement anthropologique est nécessaire : pour comprendre comment l’Évangile s’adresse à l’homme, comment il vient à la fois le chercher dans son humanité et porter cette humanité à son accomplissement dans le Christ et dans la grâce, dans l’ordre surnaturel pour lequel elle est faite : « Dieu le Père nous a d’avance destinés à devenir pour Lui des fils par Jésus Christ : voilà ce qu’Il a voulu dans sa bienveillance » (Éph 1, 5).

Mgr Nicolas Brouwet, évêque de Lourdes,
Extraits de l'interview sur l'Église après-concile
Aymeric Pourbaix, pour famillechretienne.fr 

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