Comment parler du Christ à des générations déchristianisées qui s'imaginent avoir fait le tour de la question ? L'existence même pose cette question à partir d'un donné très simple et de plus en plus évident aujourd'hui: pourquoi l'homme est-il mortel ? Pourquoi donner la vie plutôt que de fabriquer des produits qui nous anesthésient et nous euthanasient agréablement ? (...) C'est là où il n'y a plus de recette, là où l'homme n'en peut plus, que Dieu peut quelque chose.
Mais il y a d'abord l'émerveillement - même devant une limace: aucun ingénieur n'aurait eu l'idée d'inventer la limace ! L'angoisse devant la mort n'a lieu que parce qu'il y a d'abord l'émerveillement devant la vie. Et cela se joue spécialement dans la rencontre, la proximité physique avec ce qu'on ne peut zapper et qui est une créature de Dieu. Je conseille de commencer par reconnaître dans celui qui déclare "Je m'en fous" non pas un "petit con", mais cette créature tout à fait impossible et incroyable. Il ne s'agit pas de faire de l'évangélisation mais d'être vraiment chrétien. Il s'agit d'y croire et de laisser cette exigence se déployer en nous, d'être assuré que le Christ est victorieux, et que, dès lors, dans un monde d'impatience et de découragement, nous avons avec nous le temps et l'éternité. (...) On est lumière alors même qu'on n'y voit pas clair ! Vous vous prendrez les pieds dans le tapis. Peu importe. L'enjeu est de partir de la situation concrète, du vis-à-vis et des désirs du coeur. Dans un monde virtualisé, [la rencontre] doit être un lieu d'incarnation et de vérification existentielle.
Fabrice Hadjjadj, philosophe et professeur
Extraits d'entretien sur la communication profonde
famillechretienne.fr n° 2015
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