4 avril 2016

L'APPROCHE CHRÉTIENNE DU TRAVAIL BIEN FAIT



Curieux phénomène que cette société moderne marquée par la reconnaissance du droit au travail en même temps que par l’avènement d’une société de loisirs. D’un côté on cherche du travail, on milite courageusement pour le sauvegarder, et de l’autre, on ne vit que pour le fuir. Les journées de travail se comptent à rebours. Les destinations lointaines nous sont présentées comme autant d’occasions d’« échappées belles » et les agences de voyages surfent sur nos « désirs d’évasion ». Notre société ne s’est jamais vraiment remise de l’utopie communiste d’un monde sans travail. Le progrès technique devait continuer jusqu’à libérer l’homme de toute contrainte. Utopie libérale aussi, puisque l’anthropologie libérale est celle d’un individu absolument autonome, donc sans contrainte. (...) 
Le chrétien, en revanche, n’oppose pas liberté et matière. Pour lui, la liberté n’est pas liberté de contrainte – où est libre qui agit indépendamment de toute contrainte – mais liberté de perfection – où est libre qui choisit de faire le bien. Loin de fuir la matière comme contrainte, la matière devient pour le chrétien occasion de liberté. Plus qu’une simple réhabilitation, l’approche chrétienne du travail consiste en une véritable élévation du travail humain au rang des activités sanctifiantes.

Il s’agit, par son travail, de produire le bien. Le travail reste affaire de production matérielle, seulement à celle-ci s’ajoute désormais une dimension morale. C’est cette dimension morale, ce « bien » du travail produit, qui peut le rendre digne de contemplation (on ne contemple qu’une fin en soi) ainsi que le souhaitait Simone Weil dans sa formule souveraine : « Que pour chacun son propre travail soit un objet de contemplation ».
Tant que nous n’aurons pas renoué avec une telle approche apaisée et unifiante du travail dans la vie de l’homme, notre lutte contre le chômage restera dans la perspective du travail comme mal nécessaire… Difficile d’imaginer moins mobilisateur.

Melchior de Solages, assistant de recherche à EMLYON Business School 
Extrait du billet "Notre société combat le travail, pas le chômage" 16/03/2016
famillechretienne.fr

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