DU JUGEMENT À LA BIENVEILLANCE

 (...) « Il faut accompagner avec miséricorde et patience les étapes possibles de croissance des personnes qui se construisent jour après jour. (...) Je crois sincèrement que Jésus Christ veut une Église attentive au bien que l’Esprit répand au milieu de la fragilité.» 

In " Amoris Laetitia " l’exhortation apostolique du pape François 

Si l’Église ne retire pas un iota de sa doctrine sur le mariage et la famille, elle saute généreusement le pas de la miséricorde. Et cela change beaucoup de choses !

«Aucune union précaire ou excluant la procréation n’assure l’avenir de la société» écrit le pape François. Ce qui, bien évidemment, ne correspond pas à l’état actuel de l’opinion publique dans un pays comme la France. Pour autant, prenant acte de la diversité des familles et des situations, le texte reconnaît l’existence «d’éléments positifs» dans d’autres formes matrimoniales: concubinage, mariage civil ou remariage. Tout est dit. Et ce texte n’est que le long développement de cette double exigence : fidélité et ouverture. Si le pape François ne veut pas toucher à la doctrine c’est parce qu’elle exprime le «projet de Dieu» sur la famille, et que ce que propose L’Église au travers du sacrement de mariage, lui semble correspondre à ce à quoi continuent massivement d’aspirer nos contemporains : un amour durable, vécu dans la fidélité et la fécondité.

Pour le pape François, le chemin est clair : «Deux logiques parcourent toute l’histoire de l’Eglise ; exclure et réintégrer (…) La route de L’Église est toujours celle de Jésus : celle de la miséricorde et de l’intégration. (…) La route de L’Église est celle de ne condamner personne éternellement. Il est possible que, dans une situation objective de péché, l’on puisse vivre dans la grâce de Dieu, qu’on puisse aimer, et qu’on puisse également grandir dans la vie de la grâce et dans la charité, en recevant à cet effet l’aide de L’Église.»  La mention faite de «l’aide de L’Église» peut déjà suggérer qu’il puisse y avoir là une possible allusion à l’accès aux sacrements. «Dans certains cas, il peut s’agir aussi de l’aide des sacrements.» Le mot est lâché ! La boucle est bouclée. Sans crier gare, en évitant toute provocation inutile sur un sujet sensible, le pape François ouvre une porte verrouillée depuis toujours. 

Synode sur la famille : du jugement à la bienveillance (extraits) 09/04/2016

René Poujol, journaliste, citoyen et « catho en liberté »

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