Il n'y a pas d'action profonde sans renoncement à soi-même. Si nous ne savons pas pratiquer dans les plus petites choses les vertus d'exactitude, d'obéissance, de courage, de droiture nous resterons petits parce que nous ne pensons qu'à nous. Même quand nous croyons être généreux, c'est nous-mêmes que nous recherchons trop souvent. Au fond, nous restons très attachés à la satisfaction personnelle qu'on éprouve quand on a réussi. La recherche de la réussite est toujours fallacieuse, parce que la vraie réussite n'est jamais là où nous l'attendons. (...) Quand on ajoute aux vertus naturelles journellement pratiquées une certaine ouverture vers la vie spirituelle, on s'aperçoit qu'on est constamment sollicité à aller au-delà de soi-même, on y est porté par une force qui ne vient pas de nous, et c'est la grande consolation de la vie en même temps que la grande certitude. Quelle liberté cela donne de ne plus penser à soi!
Il s'agit de savoir si nous voulons refaire une chrétienté; non pas une société dans les nuages, mais une chrétienté terrestre, charnelle et misérable, pleine de péché; non pas ce monde bien astiqué, luisant, régulier, aux angles arrondis comme une carrosserie métallique, mais un vrai monde humain et chrétien, avec des angles un peu rudes où l'humain est mis à sa vraie place, parce que le divin est mis aussi à la sienne. Quand la sainteté fleurit, elle fleurit comme une plante charnelle, dont les racines plongent dans une terre avec beaucoup de pierres, de boue et de saletés. Elle est peut-être exceptionnelle, mais elle n'est pas anormale; elle est même rigoureusement normale. Je suppose que vous avez lu l'Évangile comme moi. (...) Il n'y a pas de raison pour qu'un fabricant de chaussettes ou qu'un ministre de la République ne soit pas un saint aussi bien qu'un pêcheur du lac de Tibériade.
André Charlier, 1895-1971, oblat bénédictin, écrivain, éducateur
Extrait de "Lettres aux capitaines" (1948)
famillechretienne janvier 2016
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Comment dire la miséricorde ?
"La sainteté commence dans la reconnaissance du visage de l'autre."
Marc-Alain Ouaknin (XX s.
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